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Les Adieux de Brodie
Grand format
Inédit
Public connaisseur
Traduit de l'anglais (Écosse) par Hubert Tézenas
Paris : Le Seuil, janvier 2018
442 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-122268-5
Coll. "Cadre noir"
Marlowe à Glasgow
Rien de telle que la bonne vieille tradition. Dans l'immédiate après-guerre en Écosse, Douglas Brodie, un ancien policier devenu journaliste et détective privé, se retrouve face à la corruption, aux policiers malhonnêtes plus prompts à taper sur les suspects qu'à mener une enquête et aux belle femmes parfois ténébreuses. Tout commence lorsqu'il est engagé par Lady Gibson qui lui demande de venir à son aide : son mari a été enlevé et sera délivré contre rançon. Ce Gibson est bien connu à Glasgow car c'est l'un des plus gros banquiers de la ville. Brodie décide d'aider cette femme éplorée et le voilà avec une grosse valise de billets à se balader dans la ville dans un jeu de pistes épuisant pour au final se retrouver assommé, avec le cadavre du banquier à ses pieds, et bien évidemment plus d'argent. Pour parfaire le tableau, Lady Gibson déclare qu'elle ne connaît pas ce Brodie... Alors, le policier chargé de l'enquête, qui le déteste, le met en prison. Douglas Brodie s'y suicide. Fin immédiate de notre suspense : il s'agit d'un faux suicide car les services secrets qui connaissent Douglas Brodie savent également que Lord Gibson trempait dans des affaires louches. C'est surtout ce point qui leur semble embêtant car la Grande-Bretagne est en pourparlers avec les États-Unis à propos du plan Marshall et le pays a désespérément besoin de cet argent. Un scandale dû aux frasques financières d'un banquier ferait tache. Ils ont donc organisé le suicide de Brodie afin qu'il puisse enquêter en toute tranquillité.
Le roman de Gordon Ferris va donc déployer tous les ressorts classiques du récit hardboiled : femmes fatales, détective au grand cœur mais malin, recherche d'indices y compris en utilisant des méthodes peu orthodoxes (ici, Douglas Brodie fait équipe avec un comptable escroc qu'il doit faire entrer clandestinement dans une banque alors que ce dernier est à la fois peureux et sujet au vertige, ce qui peut être ennuyeux pour un monte-en-l'air), amis solides sur qui on peut compter, petits métiers interlopes. Le tout offre une toile de fonds bien intéressante sur l'Écosse en pleine reconstruction après les années de guerre, sur la corruption et les arrangements avec la vérité, pour offrir, dans un genre très classique (avec la gouaille des détectives à qui on ne la fait pas) une histoire solide et bien construite, des personnages bien menés et un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir.
Citation
Merci à tous. Et pardonnez-moi d'avoir dû mourir pour me rendre compte à quel point j'ai des amis formidables.