Contenu
Le Mystère de la chambre jaune
Grand format
Inédit
Tout public
Joël Odone (coloriste)
Stéphane Perger (illustrateur de couverture)
Toulon : Soleil, mars 2018
64 p. ; illustrations en couleur ; 33 x 23 cm
ISBN 978-2-302-06850-6
Marquer de son empreinte
Écrit en 1907 par Gaston Leroux, devenu depuis un classique du genre et plus particulièrement des affaires en chambre close, Le Mystère de la chambre jaune est l'un des romans les plus adaptés que ce soit au cinéma, à la télévision, à la radio ou en bande dessinée. Les éditions Soleil avaient déjà été tentées par l'œuvre du père du journaliste Joseph Rouletabille à l'orée du XXIe siècle, et voilà qu'en ce début d'année elles récidivent avec un scénario signé Jean-Charles Gaudin (Marlysa) pour épouser les dessins du Serbe méconnu en France Sibin Slavković. Premier volet de ce qui semble vouloir être un diptyque (devrait suivre Le Parfum de la dame en noir), Le Mystère de la chambre jaune est très fidèle au roman. On a du mal à ne pas voir en Joseph Rouletabille un Tintin moins candide mais tout aussi omniscient. Le château du Glandier (dans lequel se déroule le crime initial) n'est d'ailleurs pas sans rappeler quelque peu celui de Moulinsart. L'utilisation d'une ligne claire réaliste est là elle aussi pour brouiller les pistes. L'intrigue, elle, est des plus limpides : Mathilde, la fille majeure du professeur Stangerson, a été victime d'une agression dans sa chambre sans que l'on puisse mettre la main (c'est le cas de le dire au vue de l'empreinte sanglante sur un mur) sur son assassin. William Stangerson, est un physicien émérite qui a longtemps vécu aux États-Unis. Il est chamboulé par cette histoire au point de n'avoir pas encore constaté la disparition de ses travaux. Mathilde s'en est sorti, mais elle semble sur la défensive et assure n'avoir pas pu voir son agresseur. Sur les lieux du crime impossible, deux enquêteurs hors pairs vont s'affronter : l'amateur quoique journaliste, Joseph Rouletabille, et Frédéric Larsan, un as de la PJ venu spécialement de Paris. Les événements s'accélèrent et les agressions se multiplient. Bientôt, les agissements de Mathilde peuvent prêter à caution. Mais dans ce huis-clos géographique, personne n'est tout blanc, à commencer par les habitants du coin aux mœurs tragiquement humaines. Même si l'intrigue tient en soixante pages, l'enquête se déroule sur plusieurs mois avec la disparition répétée et inopinée de Rouletabille, qui est sûr très rapidement de détenir la clé de l'énigme et surtout l'identité du coupable. Et quel coupable ! Car, par-delà un fil policier minimaliste, il y a des ressorts humains derrière cette intrigue. Des ressorts que l'on trouvait déjà dans les enquêtes de Sherlock Holmes et qui ne tiennent qu'à un mot : amour – même si associé à "faiblesse humaine". Mais il y a aussi l'implacabilité de la réflexion, et dans ce domaine, le mérite en revient à Sibin Slavković, puisqu'il s'y prend à merveille pour en trois cases nous donner la solution de l'énigme (qui sera elle dévoilée par Joseph Rouletabille lors du procès avec un parti pris intéressant quant à sa recherche de la vérité qui ne s'acoquine pas de l'arrestation du coupable). Le Mystère de la chambre jaune a été l'occasion pour Jean-Charles Gaudin de réaliser un rêve d'enfant. Ses compères Sibin Slavković, Joël Odone (pour la couleur) et Stéphane Perger (pour la très réussie illustration de couverture) l'ont magnifiquement bien aidé !
Citation
Dans mon métier, comme dans le vôtre, monsieur le juge d'instruction, il faut toujours lire les petites annonces personnelles... Ce qu'on y découvre d'intrigues ! Et de clefs d'intrigues !