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Inédit
Tout public
Préface de Jérôme Leroy
Paris : French Pulp, janvier 2018
256 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-251-0306-7
Coll. "Polar"
Anarchiste ressuscité
Après d'autres héros récurrents des littératures policières, c'est au tour de Nestor Burma de renaître de manière romanesque. On a déjà pu voir quelques films et une série télévisée de bonne facture (surtout au début) avec Guy Marchand pour incarner le détective de chic et de choc. Surtout, on a pu apprécier les bandes dessinées où les univers de Léo Malet et de Jacques Tardi se sont croisé, avant que d'autres dessinateurs les reprennent. Le héros de Léo Malet revient ici à ses origines, le roman, au sein des "Nouvelles aventures de Léo Malet". Pour éviter la nostalgie et des intrigues surannées, les éditions French Pulp ont mis en avant une nouvelle "bible" qui propose à des auteurs de s'inscrire dans le mythe du détective mais de l'actualiser. Pour assister Burma, héros né en 1976, un jeune des banlieues expert dans les nouvelles technologies, et une secrétaire qui n'a pas froid aux yeux et est plus entreprenante qu'Hélène sont convoqués. Quand au commissaire Faroux, il a pris sa retraite et c'est sa fille, au même caractère trempé, qui lui a succédé. Toutefois, même rajeuni et ayant changé de père spirituel, Nestor Burma a gardé les mêmes habitudes : ne pas se contenter de se fier aux apparences et mettre les pieds dans le plat quand il le juge nécessaire. Ici, tout commence avec une bien triste nouvelle. Un ami de Nestor Burma, le journaliste Nicki Java, a été retrouvé mort, et sa sœur ne trouve rien de mieux que de venir faire un scandale lors de son enterrement car elle croit qu'il a été tué de sang-froid. Nestor Burma décide d'en avoir le cœur net et de mener une enquête qui se concrétise vite lorsque l'on découvre que le défunt journaliste a été empoisonné. Journaliste de faits divers, de petite zone, il avait cependant été en contact ces derniers temps avec la mouvance de la résistance kurde. Il possédait des listes que les services secrets turcs auraient bien aimé posséder. Tout ça explique sans doute pourquoi ce brave Nestor Burma et son accorte secrétaire vont se retrouver face-à-face à de bien patibulaires loups gris, ces mercenaires et gangsters néo-nazis utilisés pour les basses œuvres du gouvernement.
Serguei Dounovetz sait à la fois jongler avec la nostalgie et les codes du personnage, offrant des mini-clins d'œil aux anciens (Nestor Burma lors d'un chambardement de son bureau redécouvre avec joie une vieille pipe) et, en même temps, il s'inscrit dans le contemporain : références à l'actualité, encore plus brûlante aujourd'hui que les Kurdes "libérateurs" en Syrie sont attaqués par l'armée turque, modernisation des personnages, la secrétaire de Nestor Burma est une femme encore plus moderne que la précédente, la commissaire Faroux également. Les petits piques politiques sur les dirigeants actuels rappellent celles plus anciennes. Certes, l'enquête en elle-même n'est pas d'une originalité folle, mais elle contribue par ses rebondissements et l'action développée, y compris des visites des souterrains glauques de Paris, à continuer de manière enjouée le mythe des origines. Il est arrivé parfois que les lecteurs soient un peu déçus par certaines renaissances de personnages sous d'autres auteurs, l'attrait s'émoussant, mais ce n'est pas le cas avec ce premier volet des nouvelles aventures de l'agence Fiat Lux, des aventures qu'il faut parfois suivre pour voir si les promesses sont tenues. Ça tombe bien, la suite est pour bientôt !
Citation
Finalement, je reposai la pipe et sortis de l'un des tiroirs de mon bureau une cigarette électronique achetées la veille. Généralement, on essayait d'arrêter de fumer à une période propice. Mais la vie d'un détective privé n'était, à proprement parlé, jamais propice à entamer le moindre sacrifice.