Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
376 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-93-095000-6
Pour une poignée de doigts
C'est une expression bien connue des francophones : "Jeux de mains, jeux de vilains". Et, ici, elle n'est pas qu'un effet de style, mais une partie de l'action elle-même, car les forces de police belge vont dans ce roman s'opposer à un tueur en série particulièrement ignoble qui laisse parmi ses marques de fabrique et de copyright, l'ablation d'un doigt de la main. De fait, comme c'est à chaque fois un doigt différent, tout porte à croire que le tueur veut sévir après torture à dix reprises - car de manière logique on peut penser que le commun des mortels ne possède que dix doigts... Bizarrement, Corduno, le policier chargé de l'enquête, qui est pourtant l'un des plus brillants inspecteurs de la police, n'arrive pas à saisir le coupable. Et, soudain, voilà que ce dernier s'arrête alors qu'il n'a commis que la moitié de sa funèbre tache. Là dessus, deux années se passent avant que les meurtres ne reprennent. Mais pourquoi ? En plus, l'assassin a la bonne idée de laisser à l'intérieur du corps de ses victimes des petits KinderTM qui contiennent des messages cyniques à l'encontre du policier. Corduno piqué au vif va essayer de trouver la solution, mais le tueur joue avec ses nerfs, et les pistes sont nombreuses.
Le roman déploie une partition éminemment classique avec un tueur insaisissable qui laisse des minuscules indices qui peu à peu laissent planer des doutes. Les policiers, surpris de la rapidité de ses réactions, pensent même qu'il y a peut-être un traître dans leurs services ou que l'assassin lui-même est un policier. Des doutes que l'écriture et des détails plantés ici ou là, laissent envisager comme très crédibles. Sont également classiques, pêle-mêle : les moments de tension, les descriptions sanglantes et bien présentées des actes de cruauté, la suite logique de l'enquête et les instants plus intimes, la vie quotidienne des policiers avec leurs inquiétudes, la vie de famille perturbée, les rêves de chacun. Tous ces éléments sertis dans un style, lui aussi classique, alternant les points de vue, y compris celui du tueur ou de victimes, suffiraient par la construction sérieuse du roman à emporter le lecteur dans une enquête retorse. Les deux auteurs qui se "cachent" derrière le pseudonyme de Yves Laurent apportent un petit plus personnel qui donne tout son sel au roman. Et même deux petits plus. D'une part les révélations finales sont pour une fois extrêmement inattendues et le lecteur apprécie d'avoir été mené par le bout du nez d'une belle manière, le coupable et son mobile étant surprenants. De l'autre, à l'inverse d'un certain nombre d'auteurs qui ne peuvent s'empêcher de dessiner leurs intrigues avec tueur en série dans une Amérique parfois de pacotille, ils jouent ici le terrain local. Les lieux et les atmosphères participent à l'intérêt de cette histoire, et le texte émaillé de belgicismes et de petits traits drôles permet de faire avancer cahin-caha cette agréable intrigue.
Citation
Le flic qui sommeillait en Corduno - mais jamais que d'un seul œil - réagit instantanément quand l'individu sortit un fusil à canon scié pour le braquer droit sur lui.