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Acteur studio
Entre 1773 et 1777, Diderot a écrit Le Paradoxe sur le comédien pour s'interroger sur la séparation entre l'acteur et le rôle qu'il incarne. À l'inverse, des théories prônent que le comédien doit chercher au fond de sa propre vie des émotions qui lui seront nécessaires pour construire le personnage qu'il doit jouer. Constantin Lepage est un acteur qui est passé à côté de la gloire. Trop gentil, il vivote auprès de sa femme. Un jour, pourtant, il a l'occasion de jouer un rôle nouveau pour lui. Un de ses amis, écrivain, vient d'être vexé par son éditeur. Il lui propose un rôle privé : comme son éditeur se plaint de sa femme, il lui demande de faire semblant d'être un tueur à gage qui peut débarrasser le patron de cette épouse encombrante : le but est d'escroquer l'éditeur en lui faisant payer pour le meurtre qu'ils ne commettront pas puis en le faisant chanter ! Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu. La femme meurt lors de sa rencontre avec Henk van der Weld, le double maléfique et grimé de Constantin. Est-ce un accident ou la découverte par le comédien de sa véritable nature ? Peu à peu, il se transforme, se métamorphose, version moderne de Docteur Jekyll et mister Hyde.
La facture de ce roman de Philippe Setbon est ici éminemment classique dans sa forme et dans le fond. Il s'agit de décrire, de la manière la plus efficace possible, la façon dont le personnage va changer de comportement. Est-ce de la folie ? Ou bien une sorte de possession ? Ou bien encore une description inspirée par la théorie psychanalytique de la double personnalité ? N'est-ce pas simplement une question métaphysique autour du comédien (et par delà de l'homme en général) ? Toujours est-il que c'est raconté de manière subtile, comme dans les textes victoriens de Robert Louis Stevenson ou dans Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde : peu à peu, nous assistons à la métamorphose du personnage qui devient ce qu'il incarne. D'une intrigue noire classique, le récit glisse en demi-teintes entre l'étude psychologique fouillée, par petites touches qui sont autant de traits dressant la silhouette du personnage que de petites incises qui laissent planer le doute sur la réalité du phénomène décrit. Contrairement à quelques autres tentatives dans ce domaine, Philippe Setbon ne lâche rien et le final confirme en beauté tout le reste.
Citation
Et Jean-Louis ressortir de l'immeuble d'un pas allègre et décida de remonter la rue de Rennes jusqu'à Montparnasse. C'était une belle journée, et il était sur d'avoir ferré le poisson. C'est si con, un poisson...