San-Antonio ches les Gones

Mon dieu, il était donc si seul ? Il parlait tout bas pour ne pas réveiller la morte, car peut-être qu'elle l'entendait et peut-être qu'il aurait dû crier pour qu'elle se réveille ? Il priait pour que Tommie vive mais elle mourait pour toujours. Tout ça n'avait pas de sens et ça le désespérait. Croire en quoi ? Continuez pourquoi ?
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Bande dessinée - Policier

San-Antonio ches les Gones

Disparition - Drogue - Infiltration - Trafic MAJ mercredi 04 avril 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Michaël Sanlaville (scénario & dessin)
Scénario adapté de l'œuvre de San-Antonio
Paris : Casterman, mars 2018
96 p. ; illustrations en couleur ; 31 x 24 cm
ISBN 978-2-203-12432-5

San-A en cases

Comme beaucoup, Michaël Sanlaville a été élevé au biberon San-A. C'est la raison principale pour laquelle il a adapté avec talent la cinquante et unième aventure du commissaire et de son adjoint Bérurier en bande dessinée. Une sacrée gageure. L'histoire rendue à sa simple trame est des plus limpides : dans le petit village de Grangognant-au-Mont-d'Or, en banlieue forcément lyonnaise, deux enfants d'une école primaire ont disparu, et leur instituteur a été assassiné. Les deux zigues de la police mènent une enquête incognito toute en infiltration mais assurément pas en discrétion (faut apprécier la partie de belote de Bérurier avec les enfants de sa classe et du pinard). Ils remontent tant bien que mal la pelote de la piste qui les mène vers des nababs lyonnais et une vieille chanteuse pas lyrique pour deux sous qui ont concocté un petit trafic de drogue mais qui n'hésitent pas à faire des à-côtés lucratifs. San-A. c'est celui qui mène la barque et qui zyeute à tout va les jolies donzelles (faut dire que les pépées sont aussi bien roulées que les mecs sont môches – sauf San-A.) qui parsèment nichons à l'air cette bande dessinée qui va à cent à l'heure et dont le dessin épouse à merveille l'univers de Frédéric Dard. Car il a tout compris Michaël Sanlaville. Il s'approprie avec aisance les mots et il modernise le paysage en transposant San-A. dans notre présent. Le commissaire a une bien jolie voiture qui démarre au quart de tour. La couverture de la bande dessinée rappelle (presque) ironiquement une aventure de Michel Vaillant si ce n'est la présence d'un Bérurier totalement noir et crade. L'enquête va dans beaucoup de sens sans pour autant en avoir (même si ça pirouette joliment à la fin), les meurtres pullulent, les errements du commissaire sont nombreux, l'ivrognerie de Bérurier patente et les copulations s'intensifient. On craint plus pour le commissaire quand la vieille mégère pose sa main frippée sur son genou que lorsqu'une grenade atterrit sur le sol de la pièce où il est en train de conter fleurette à une charmante institutrice. Puis on est soulagé de voir la Soubise (mais pas soumise) s'avachir quelques pages plus loin à cause d'un tournevis malencontreusement fiché dans son dos. On oublie quelque peu l'intrigue et ses nombreux rebondissements et l'on observe tout cet imbroglio furieux qui se déverse en des pages truculentes et hautes en couleur (avec au passage un Philippe Bouvard simple flic et jovial, nous semble-t-il). Michaël Sanlaville a eu sûrement la pression (comme Bérurier le beaujolais) au moment d'adapter cette histoire. Il réussit le tour de force de conserver l'esprit San-A. et d'y mettre son talent au service de l'intrigue. Il ne reste plus qu'à savoir à quand la suite, tout en espérant que ce dessinateur de talent puisse également nous proposer autre chose comme il en a l'habitude. Poursuivre ou ne pas poursuivre ? Telle est la question. Seul lui détient la réponse.

Citation

Je ne conclus rien ! Seulement, nous nageons dans une bouteille d'encre ! Un indice menu menu se présente, je le cramponne !

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 04 avril 2018
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