2.25

Mais tu sais maintenant que ce n'est pas un suicide. Un homme congelé se relève rarement pour aller se mettre au lit.
David Moitet - L'Homme aux papillons
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

2.25

Psychologique MAJ lundi 16 novembre 2009

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13 €

Astrid Duparc-Lyng
Nice : Bénévent, juillet 2009
100 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-7563-1225-5

Le choix de tuer

Noir. De ce noir qui pousse au meurtre. De soi. D'un enfant innocent ou de cette figure maternelle tant haïe. Noir d'un dessein livide flottant dans l'ombre de tout. Dans l'ombre du Moloch, Madame Mère exhibant son sexe géant, béant, déballant son être-femme pour mieux amocher le trop plein de monde autour d'elle. Noir, de cette colère qui refuse à l'être son existence et lui promet la désertion de toute forme de vie quand c'est la mort, en réalité, que l'on doit congédier dans un retournement ultime pour n'avoir plus à subir les soustractions effarées d'un combat qui n'est pas le vôtre.
Une fille face à sa mère. Livrée à sa mère plutôt, fantasque et abusive, femelle hystérique qui n'endosse le rôle que pour mieux liquider l'objet de son évidement. Vingt ans de calvaire et puis la grande figure maternelle s'éteint enfin, son mourir privant sa fille de toute vraie consolation – il aurait mieux valu, peut-être, la tuer. Madame Mère engloutissant, jusque dans sa mort, déglutissant au centre de son repère ce qui gît encore et prend nom des blessures ouvertes dans son monde clos. Lutter contre ça. Trouver l'échappée où rompre le cercle de la mort.
Où, sinon dans le récit qui s'organise, éprouvant chaque mot pesé comme un copeau de chair arraché à l'histoire d'une enfance malheureuse. Une biographie donc. Journal, récit intime, toujours sur le fil du tuer ou se tuer enfin. Ses vagues déferlantes refoulant l'écume où l'autre pourrait s'échapper encore. S'échapper sur le seuil de ce qui est écrit, là, maintenant. Une fille face à sa mère évadée et le combat qu'elle engage pour n'avoir pas à mourir ni tuer pour survivre dans la mort de l'autre, cadavre aujourd'hui, mutique, sourd à tout débordement.
La prose est le vrai lieu du crime. Retenant la main, cramponnée à l'écrire plutôt qu'à l'égorgement mais égorgeant, il n'en faut pas douter. C'est toute l'histoire : le récit comme lieu ultime où tenter de ne pas succomber aux délices du mourir. Tuer, un choix impossible. C'est juste écrit depuis cet insensé où l'on n'est pas mort encore mais où l'on pourrait devoir mourir. Une seule intrigue donc : l'art du récit. Un moment d'écriture, une facture dont il faudra ensuite se débarrasser, pour vivre enfin, peut-être l'écriture, pleinement.

Citation

Éventrer sa génitrice aurait au moins donné un sens à son existence.

Rédacteur: Joël Jégouzo jeudi 12 novembre 2009
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page