Il ne faut jamais faire le mal à demi

Ce n'était pas une mince tâche, dans un pays où 1 % de la population possédait 40 % des richesses, la plupart provenant de la corruption. Les maires des villes, les fonctionnaires provinciaux, les membres éminents du Parti - ils les avait tous arrêtés. Corruption, détournements, décadence morale, recherche de privilèges, contrebande, dépenses injustifiés et vols manifestes étaient monnaie courante.
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Roman - Policier

Il ne faut jamais faire le mal à demi

Ethnologique - Social - Disparition - Trafic MAJ jeudi 12 avril 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 0 €

Lionel Fintoni
La Tour-d'Aigue : L'Aube, août 2017
338 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8159-2200-5
Coll. "Noire"

Tous les chemins mènent aux roms

Ici, maintenant, pas loin de chez vous, on enlève et tue des enfants. Des enfants, oui, mais pas n'importe lesquels : des roms, ces damnés de la terre dont tout le monde se contrefiche. Il faut qu'un ex-médecin légiste reconverti dans l'humanitaire se tourne vers le capitaine Alain Dormeuil, flic revenu de tout et du reste, pour que quelqu'un s'intéresse à la question. Or, il apparaît que les enfants roms ont peur, mais personne ne veut parler à des autorités vues à tort ou à raison comme hostiles. Même lorsque les enfants sont parfois retrouvés avec des morceaux en moins... Quel peut bien être le rapport entre ces morts violentes et un paisible commerçant arabe et son fils, tous deux travailleurs et un peu magouilleurs, qui voient d'un mauvais œil les islamistes gangréner leur entreprise de camionnage ? Ou bien avec cette clinique spécialiste de la réparation de la vertu des riches héritières arabes un peu trop occidentalisées lorsque vient la perspective d'un mariage ?
Il est heureux de voir qu'il y a encore des éditeurs établis ayant le courage de publier des premiers romans forts et prenants. Et pour celui-ci, on ne pourra reprocher à Laurent Fintoni de manquer de souffle  trois cent trente pages bien tassées où se mêlent de nombreux personnages bien campés occupant toutes les strates de la société, et pas forcément les plus reluisantes, à travers plusieurs affaires enchevêtrées. Si l'on devine vite les enjeux, c'est la façon dont se tient ce puzzle admirablement construit qui impressionne, sans jamais que l'on tombe dans l'exercice de style. Le tout avec une langue très travaillée, d'une précision de sniper, mais peut-être, si l'on veut pinailler, encore un peu froide là où on aurait aimé un poil plus de chair. En tout cas, avec ce premier essai réussi, Laurent Fintoni entre dans le polar par la grande porte, et devient de facto un nom à suivre qui devra éviter l'écueil du fameux second roman.

Citation

Il allait travailler dans les égouts de la société, comme les éboueurs, les vidangeurs, les vide-merde. Il savait que la société aurait pour lui la même estime que pour ces professions et lui infligerait le même traitement qu'aux égoutiers.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 12 avril 2018
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