Paris va mourir

La bouche de Pruitt se crispe nerveusement. L'homme décoche un coup violent dans les reins de Greene. Le prisonnier pousse un grognement de souffrance et tombe à genoux. Pruitt lui cingle le visage d'un coup de lanière. Le cuir claque contre la peau. La bouche de Greene s'ouvre. Une salive sanglante dégoutte de sa lèvre et étoile la poussière rouge.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Paris va mourir

Politique - Social - Urbain - Attentat MAJ lundi 14 mai 2018

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,5 €

Francis Ryck
Préface de Jérôme Leroy
Paris : French Pulp, novembre 2016
192 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 979-10-251-0223-7
Coll. "Polar"

69, année apocalyptique

Des attentats en plein cœur de Paris. Une population en proie à une véritable psychose. Des flics sur les dents qui doivent agir vite, réagir même, voire improviser. Des terroristes à "loger" fissa. Une cellule à infiltrer. Une jeunesse endoctrinée n'attendant qu'un signal pour mettre l'Occident à feu et à sang. Vu comme ça, on peut se dire qu'avec son nouveau roman, Francis Ryck colle de près à l'actualité... Sauf que Paris va mourir n'est plus depuis longtemps le dernier roman du prolifique Francis Ryck, lequel nous a quitté en 2007. Yves Delville (vrai nom de Francis Ryck) imagine en 1969 des attaques communistes, et plus précisément maoïstes (époque oblige) dans un Paris qui s'appelle encore Paname, et qui se remet doucement de la chienlit que fut le moi de mai précédent ! Évidemment, ce qui étonne d'emblée c'est le côté visionnaire de l'auteur, cette imagination qu'il a mis au service du divertissement et que, malheureusement, nous, nous vivons désormais au quotidien. Surprise et similitude avec ce que nous avons "vécu" et qui disparaissent néanmoins aussi rapidement qu'elles nous ont frappé, pour la simple et bonne raison que 1969 n'est pas 2015. On réalise très vite, au bout de quelques phrases, qu'on est bel et bien plongé dans une fiction (troublante aujourd'hui, certes) de la fin des années 1960. Aucun doute n'est possible : les temps ont changé. Dans le roman de Francis Ryck, on retrouve les paquets de Gitanes, les flics en imper et les pièces de monnaie qu'il faut chercher au fond de ses poches pour passer un coup de fil depuis une cabine téléphonique ! Exit les portables, les chaînes infos et les courses-poursuites en Vélib'. Et les islamistes ne lisent pas le petit livre rouge ! La société a évolué, le polar a changé de codes. Le héros, un flic du nom de Roc, s'il a des supérieurs, est envoyé seul, tout seul, comme un grand, au charbon, à la manière de Bond, James Bond, natürlish. La cellule terroriste n'est composée que de quatre personnes (qui ne vivent même pas dans une cité interdite aux flics), et pour savoir où la trouver il suffit de demander à un indic'. Et quand un type disparaît dans un train, un aéroport ou en plein Paris, ce n'est pas pour échapper aux paparazzi qui veulent le choper avec miss Météo, mais parce qu'il a négocié avec le camp adverse les infos qu'il détient contre son transfuge.
Oui, je sais, j'ai l'air comme ça de me moquer un peu de ces vieilles histoires où l'enquête policière flirtait avec l'intrigue d'espionnage alors à la mode. Il n'en est rien. Ces romans, que des malintentionnés appellent bêtement "de gare" en croyant les rabaisser, ont toujours eu ma préférence. Je dis "bêtement" car c'est normal qu'on les trouve dans les gares, ces romans. Ils nous emmènent en voyage et on les emporte partout avec nous. Adolescent, je les dévorais. Aujourd'hui, je les lis avec joie, tendresse, bienveillance et nostalgie. Et si quelque chose m'a gêné dans Paris va mourir, c'est de m'apercevoir que la réalité avait dépassé la fiction.

Citation

Quelqu'un lui posa la main sur le bras, on essayait de la retenir. Elle se dégagea d'une secousse, pivota et sauta en fermant les yeux. Ce fut comme si son corps avait été ramassé par une gigantesque raquette qui la fit rebondir, la lança en saut périlleux, repris au vol par l'autre autobus qui n'avait pas eu le temps de freiner, plaquée de nouveau au sol et broyée par les roues.

Rédacteur: François Legay lundi 14 mai 2018
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