Plus jamais seul

Quatre contre huit, rien n'était perdu, et quand bien même, tant qu'à être percuté par la violence, autant l'être entre amis. Le Gitan ne pleure pas leur disparition, les hommes ne pleurent pas, mais il sent gronder en lui un condensé d'animosité qu'il peine à étouffer.
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Roman - Noir

Plus jamais seul

Social - Immigration clandestine - Trafic MAJ mercredi 30 mai 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Caryl Férey
Paris : Gallimard, février 2018
320 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-275791-4
Coll. "Série noire"

Cargo noir

Mc Cash, c'est un peu le policier punk par excellence. Non seulement, parce que c'est le genre de musique qu'il écoute, mais aussi parce que sa trajectoire je-m'en-foutiste et auto-destructrice l'apparente à la version la plus extrémiste de ce mouvement. Depuis une vieille blessure, il a un œil de verre qu'il devrait remplacer, mais il préfère endurer des douleurs, ne rien remplacer et attendre la mort de pied ferme. Et dans ce roman, ça commence à devenir d'autant plus difficile qu'il a mal et devient progressivement aveugle (ce qui est toujours ennuyeux), mais surtout parce qu'on lui colle dans les pattes une adolescente qui n'est autre que sa fille, orpheline depuis la mort de la mère. Alors dans ces conditions, comment gérer son manque d'argent, cette paternité et cette volonté de disparaître ? Mc Cash a décidé, malgré tout, d'offrir des vacances au bord de la mer à sa fille. Mais le destin le rattrape quand un vieil ami, perdu de vue, vient mourir sur un bateau, disparu au large. La veuve, en délicatesse avec le reste de la famille, a besoin de son aide pour éclaircir cette disparition. Ses pas vont le conduire vers un cargo qui aurait éperonné le bateau de l'ami lors d'un voyage de plaisance. Mais les choses sont, bien sûr, plus compliquées et vont entraîner Mc Cash sur la trace de bien peu recommandables personnes.
L'intrigue est bien évidemment de facture extrêmement classique et pourrait s'apparenter à un très bon épisode du "Poulpe" : il sera question de migrants, de passagers clandestins, de passeur mafieux et de trafic d'êtres humains. Mais c'est le traitement qui est surtout la marque de fabrique de Caryl Férey : entre l'itinéraire suicidaire de l'ex-policier et son ambivalence par rapport à sa fille, comment continuer cette pente fatale sans rien renier tout en s'occupant d'une adolescente qui a les ennuis, les soucis et les envies de la jeune génération ? Voilà une question éminemment épineuse ! Encore plus ennuyeux pour Mc Cash, l'enquête le remet sur les traces de sa première femme qui était peut-être sur le bateau avec son ami, qui est peut-être noyée quelque part dans l'Atlantique ou alors qui est peut-être entre les mains des marins peu sympathiques d'un cargo louche. Un vrai roman noir qui claque comme un hymne désespéré d'un groupe séminal punk, rapide, foutraque, chaotique et glauque, percé des lueurs d'une possibilité de vie meilleure, car c'est aussi le propre de cette version 1977 du rock que foncer, être désespéré mais aussi solidaire des classes populaires, tenter d'améliorer un peu les choses, coller un peu de couleur dans un monde trop gris, comme le chantait Oberkampf.

Citation

Seulement, il n'était plus seul au monde, et son moignon pourrissait. La douleur grimpait à l'improviste, au réveil sous la douche, la nuit dans les bras d'une femme ou dans son sommeil, épouvantable.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 30 mai 2018
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