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We walk the line
Bob Dylan a marqué le siècle de son empreinte et son passage mouvementé par l'obtention du prix Nobel et de sa réception par l'artiste a confirmé cette marque. Même ceux qui n'ont que peu apprécié son œuvre (et elle est si protéiforme qu'il est parfois difficile de ne pas être sensible à une partie ou une autre de sa discographie) la connaissent dans ses grandes trajectoires. Plus pour amateurs éclairés (ses fans sont moins nombreux en France), la vie de Johnny Cash est racontée en quelques anecdotes qui le rendent profondément humain. Pourtant, les deux hommes se sont croisés et épaulés (il en existe des traces filmées et des enregistrements musicaux) comme en témoignerait une correspondance apocryphe que transcrit ici, avec humour, Michel Embareck. En tout cas, les deux hommes auraient ainsi traversé le siècle et ses vicissitudes avec nonchalance et sens de la dérision, croisant Richard Nixon (montré sous un jour ridicule avec ironie) ou Barack Obama. Parmi les connaisseurs de l'œuvre des deux musiciens, un vieil homme qui a été dans leur ombre, surnommé le Rôdeur de Minuit, et qui anime une émission de radio. Lors d'une séance dans une bibliothèque, il commence a égrener des souvenirs des deux complices, parcourant ainsi une histoire des dernières années des États-Unis, entre mouvement hippie, lutte des droits civiques, guerre du Vietnam... Même si quelques éléments de l'univers du roman noir interviennent (la trajectoire finale du rôdeur, des événements sombres de l'histoire américaine, des affaires de drogue diverses et variées qui parcourent le monde de la musique, les relations amoureuses de Johnny Cash, une virée chez des bouilleurs de cru clandestins), le récit n'est pas un roman noir au sens strict du terme. Il est plus une évocation sensible et mélancolique d'une période, d'un univers où d'autres choix auraient été possibles, où le plus rebelle des deux ne fut peut-être pas celui que l'on croit. Servi par une écriture précise, par un sens du détail qui rend crédible toute l'histoire (Johnny Cash qui, pour éviter d'être frappé par des prisonniers, doit chanter pour prouver qu'il est bien LE Johnny Cash, mais alors personne ne reconnaît sa voix) comme si nous étions dans une biographie des deux "personnages". Les développements montrent à la fois la connaissance musicale et intime des deux personnages que décrit Michel Embareck, et il signe là un roman fort érudit, malicieux et intelligent, nous restituant un univers disparu et terriblement prenant.
Citation
Ses potes et lui passent des heures à répéter avant qu'un titre tienne la route. Pause cigarette. Pause vin italien avalé au goulot du gallon. Pause joint qui tourne.