La Marquise des poisons

Les résultats sont incontestables : les amalgames de cette composition sont interdits depuis 1990, car ils contiennent des métaux lourds très dangereux pour la santé ! Ce qui signifie que non seulement notre dentiste est un très médiocre praticien, mais qu'il utilise du matériel obsolète depuis deux décennies.
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Roman - Policier

La Marquise des poisons

Fantastique - Historique - Tueur en série - Ésotérique MAJ lundi 16 juillet 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Olivier Seigneur
Paris : Plon, mai 2018
456 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-259-26358-0

Les côtés obscurs du règne du Roi soleil

Avec le temps, l'on va finir par penser que l'Affaire des poisons a généré plus de livres, d'essais et de films qu'elle n'a réellement provoqué de décès. Notre remarque est sans doute exagérée puisque, par définition, il est difficile de quantifier ce qui fut une pratique discrète et secrète. Même si l'espérance de vie était plus limitée sous Louis XIV, il pouvait être utile de raccourcir quand même les besoins vitaux de certains : époux ou épouse que l'on voulait voir disparaître, amant ou maîtresse encombrant, héritier placé en meilleur position que vous sur la liste de succession, etc. Les occasions étaient bonnes d'utiliser des poisons pour résoudre tous genres de problèmes. Mais il fallait également prendre le mot poison au sens large dans la mesure où les potions et philtres issus des grimoires comprenaient aussi des médications pour guérir l'impuissance ou augmenter la virilité, pour rendre dépendant un amoureux un peu faiblard ou faire passer un fœtus bien ennuyeux comme tâche dans la dynastie. Les "sorcières", guérisseuses et manieuses de philtres étaient légion dans les villes, et notamment à Paris où certaines avaient pignon sur rue et étaient très connues des initiés, principalement des nobles et des riches bourgeois car, après tout, c'était eux qui avaient le plus besoin de ces poudres de succession. Le roi Louis XIV, dans sa manière de gouverner, n'a pas jugé suffisant de voir une police municipale contrôler Paris, sous les ordres d'un prévôt. Il l'a donc doublé d'une police royale, dirigée par La Reynie, un policier aux motivations complexes. Dans le roman d'Olivier Seigneur, celui-ci doit donc s'acquitter d'une mission difficile : enquêter sur ce qui pourrait s'avérer être un scandale politique de grande ampleur. Une maîtresse empoisonneuse risque en effet de passer en justice, et les plus hautes figures du royaume pourraient être ses clients. D'autant plus que de forts soupçons de messes noires, diaboliques (qui seront décrites dans les pages du roman) entachent également le régime. Pour ce faire, La Reynie s'appuie sur son assistant, Saint-Lizier, et peut également compter sur sa fille, intrépide et courageuse, et sur le fantôme de son épouse qui, depuis sa tombe, lui prodigue quelques conseils. Mais il va devoir faire face à forte partie car se dresse la femme forte de l'époque, la Montespan, maîtresse officielle du Roi, mère de ses enfants, qui utilise les messes noires pour asseoir son pouvoir, et les potions à la fois pour aider la vigueur du Roi, pour qu'il lui reste fidèle et pour se débarrasser d'éventuelles concurrentes. Qui plus est, elle a une idée supplémentaire : et si la Reine succombait non à des charmes mais au charme mortifère ? Ne pourrait-on donc pas réduire son espérance de vie ? En parallèle, d'autres personnages intriguent dans l'ombre, soit pour faire chuter la Montespan, soit pour détruire La Reynie, personnage bien encombrant et au lourd passé. Quand surgit l'une des premières tueuses en série de l'Histoire qui entend liquider des soldats royaux en les châtrant, ce début d'année 1679 risque d'être agité.
Le roman d'Olivier Seigneur, spécialiste du château de Versailles, est éminemment documenté (de nombreuses notes de bas de page précisent les faits avérés ou les supputations plausibles de l'auteur à partir d'éléments historiques), et est plus un travail fictionnel historique qu'un roman policier au sens classique du terme. Toute l'intrigue, bien construite et ses rebondissements sont intéressants. Tout ceci est aussi là pour mettre en avant la description historique de la période, reconstituée avec finesse et force, notamment dans les complots internes à la cour, les rivalités des nobles et des puissants de Versailles. Les péripéties sont rendues avec soin, et la psychologie des personnages bien amenée. Cette Marquise des poisons a tous les atouts et atours qu'a la série de Jean-François Parot autour de Nicolas Le Floch, et ce ne serait que justice qu'elle obtienne le même écho populaire !

Citation

Le prêtre entama le service en proclamant la gloire de Satan à diverses reprises. C'était du déjà-vu. N'était le suspense entretenu, cela faillit même ennuyer.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 16 juillet 2018
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