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Inédit
Tout public
Paris : De Saxus, mai 2018
398 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-37876-001-4
Coll. "Polar"
Les fleurs sont parfois vénéneuses
Dans le corps de son roman, Jérôme Frioux-Toublant évoque Agatha Christie, et ce n 'est que logique et justice car Fleurs de sang est écrit sous les auspices de cette reine du crime : meurtres parfois étranges et improbables (le premier étant l'empoisonnement d'un vieil homosexuel, par ailleurs marchand de fleurs, avec une substance dissimulée dans son café), multiplicité des coupables potentiels (l 'intrigue peut se diriger vers une lutte de pouvoir pour le contrôle d'une association botanique, des rivalités entre gangs liés à la mafia russe, le sombre passé du mort lui-même qui se livrait à un trafic de fleurs interdites de commercialisation). Bien évidemment, ce premier meurtre entraîne une réaction policière. L'enquête menée par le commissaire Durrieu est compliquée car les personnages mentent, les pistes sont nombreuses, les témoins sont récalcitrants ou alors sont des notables qu'il convient de ne pas trop secouer. Il y a peut-être une personne qui pourrait aider car elle sait beaucoup de choses, passant sa vie à observer, mais c'est une clocharde poisseuse et régulièrement imbibée. Lorsqu'à son tour elle meurt, les policiers se grattent la tête car elle a sans doute laissé des indices dans ses cahiers, mais alors comment comprendre ses gribouillis, agrémentés de devinettes complexes ? Pendant que la police officielle enquête, un détective privé (Thom, ex-policier, qui a quitté le même service depuis le mort de Lucas, son frère jumeau) est engagé pour mener les investigations de son côté. Mais il va travailler en bonne intelligence avec ses collègues officiels, anciens camarades et, ensemble, ils trouveront la solution (un peu capillotractée) après quelques morts supplémentaires, se renseignant sur les orchidées et le trafic international de plantes, au gré d'aventures où ils sont le plus souvent ballottés par les événements que véritables acteurs de l'enquête qu'ils mènent. Se dresse ainsi une galerie de personnages un peu baroques où, comme chez la romancière anglaise, la vie quotidienne n'est qu'anecdotique, où les meurtres ponctuent régulièrement l'intrigue, comme pour la relancer, où des suites d'interrogatoires éliminent ou bien replacent au cœur du jeu des suspects. Comme chez Agatha Christie, une atmosphère un peu surannée, mais que certains lecteurs trouveront sans doute charmante, nappe une intrigue légère et au dénouement rapide, le tout servi par un style classique où la seule entorse au credo de la Reine du crime est sans doute une modernité créée par les aventures amoureuses des personnages (le premier mort est homosexuel assumé, une suspecte semble jouer de ses charmes, un autre a un alibi grâce à un transsexuel du bois de Boulogne). Mais cela ne rehausse pas des couleurs un peu ternes, peu à l'image des fleurs décrites.
Citation
À 16 h 15, le véhicule de police s'arrête devant l'hôtel particulier de la famille Desbord, entouré des hauts murs et dissimulé aux regards par les branches feuillus de bouleaux pleureurs centenaires.