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Une femme entre nous
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Szczeciner, Corinne Daniellot
Paris : Sonatine, mai 2018
454 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-35584-604-5
Vengeance(s) de femme (s)
Quoi de plus banal qu'une femme, Nellie, qui a quitté son travail pour vivre dans l'ombre de son époux, qui vit dans une splendide demeure et doit tenir son rôle de maîtresse de maison, qui s'ennuie et qui picole, éloignée de ses anciennes amies ? Quoi de plus banal que le mari, fatigué de cette situation, déçu et vivant cette déchéance de ses collègues de bureau, décidant de la quitter pour sa secrétaire, une femme bien plus jeune ? Voilà donc la situation de départ du roman de Greer Hendricks et Sarah Pekkanen. Mais la femme fragile et délaissée continue de surveiller son mari et veut importuner la nouvelle compagne, qui vient tout juste de se fiancer. Hormis la jalousie et l'envie de vengeance qui l'accompagne, quelles peuvent bien être ses motivations ? Veut-elle aussi compenser un accident dans son passé qui coûta la vie à une jeune femme et dont elle se sent elle-même coupable ? Quant à la fiancée, si elle s'obstine à croire en la gentillesse de ce nouveau compagnon, n'a-telle pas des choses à cacher ? Et la meilleure amie de la Nellie est-elle aussi innocente qu'elle y parait ? Et alors que dire de la psychologue qui l'assiste ?
Peu d'actions, peu de violence, ni de sang dans ce thriller psychologique intense. Le roman met du temps à s'installer et joue régulièrement sur des changements de perspective, sur des retournements de situation, les auteurs ayant caché des informations qui renversent la situation : personne n'est réellement qui il devrait être, et le monde joue sur des apparences, à l'instar du personnage central - beau ténébreux, amoureux passionné et amant attentif qui se révèle être totalement autre chose. Au cœur du roman, un incident anodin : il a commandé des bouteilles de vin qu'il a fait livrer chez lui. Lors d'une réception, il demande à sa femme d'aller chercher les dites bouteilles. Or il n'y a pas de bouteilles et du coup l'épouse apparaît comme alcoolique, buvant en cachette. Quand l'épouse se rebelle, la secrétaire devenue la maîtresse avoue que c'est elle qui a fait la commande et donc que les bouteilles furent effectivement commandées ! Tout le roman se base ainsi sur des détails de ce genre : une personne aperçue à un endroit où elle ne devrait pas être, un élément que le mari connaît alors qu'il devrait ne pas le savoir, une silhouette aperçue devant le lieu de travail... Il faut bien évidemment apprécier ce genre d'intrigues, alambiquées, jouant sur les détails, où il ne se passe en premier plan qu'une banale histoire d'adultère et de femme américaine qui se pinte discrètement dans le charme de sa maison, sortie d'un magazine de design. Mais où finalement rien n'est comme cela semble se passer au premier abord. Dans le genre, c'est même une réussite dans la description d'une affaire glacée, dans les changements de perspective intelligemment amenés.
Citation
Mais elle ne croise pas mon regard. Finalement, elle ouvre sa porte et s'engouffre à l'intérieur. Elle n'a aucun idée de ce que je lui ai fait. Elle ignore le mal que je lui ai causé, les cataclysmes que j'ai mis en œuvre.