Contenu
Corruption ordinaire
Grand format
Inédit
Tout public
Magouille Story
À Saint-Jeanne, petite ville du Sud-Ouest, le maire et ex-médecin Robert Delacour, dit le roitelet, fait la pluie et le beau temps depuis vingt ans. Mais Monsieur le maire aime un peu trop l'art... Au nom d'un futur musée qui reste à construire, il a endetté la commune plus que de raison, attirant l'attention du commissaire de police Stanislas Midlak, chef de l'antenne de Bayonne de la BRB, qui va toquer à sa porte en compagnie de son adjoint David Vallespir. Il ignore que la garde à vue va entrainer le suicide de l'élu qui, malgré ses malversations, était aimé de ses administrés : n'a-t-il pas eu tout le temps de changer un village de pêcheurs en bourgade moderne ? Mais la bataille pour sa succession commence déjà alors que Midlak met à jour un réseau complexe de passe-droits, de détournements et de magouilles chez les notables du coin. Et le successeur de Delacour risque d'être nettement plus pourris. Mais Midlak et la BRB ont de quoi s'occuper, envoyés traquer un gang de braqueurs méthodiques et bien organisés. On ne met pas impunément un bâton dans une fourmilière...
Il est des romans dont toute la moelle tient dans le titre. Il s'agit bien de corruption ordinaire ici avec un simple jeu de coups de mains et d'avantages dont on finit par croire qu'ils sont tout naturels. En cela, le portrait de Delacour est assez nuancé. C'est plutôt un brave homme, authentiquement amoureux d'art, qui de compromissions en compromissions devient... Quoi au juste ? Un salaud ? Un profiteur ? Un pourri ? Plutôt un personnage humain, trop humain, loin du manichéisme qui prévaut trop souvent dans ce genre de récits. Inutile de dire que l'on y croit et que tout ce réseau de passe-droits est d'une logique implacable. Christophe Gavat en parvient à ce constat glaçant : les pires criminels sont-ils les braqueurs ordinaires (encore cet adjectif...) ou bien les magouilleurs en col blanc qui, comme le démontre une fin pessimiste, ne sont jamais inquiétés ? Mais le tout n'est pas un pamphlet, plutôt un solide polar ou, selon la doxa habituelle, l'action progresse majoritairement en dialogues. Le tout aurait pu être dégraissé de quelques dizaines de pages, mais Christophe Gavat, auteur déjà de deux livres-documents criminels réussit parfaitement son entrée dans la fiction. Les amateurs de Hugues Pagan ou de Jean-Marc Souvira peuvent y aller en confiance.
Citation
Stanislas compte plus de guerriers que de fonctionnaires de police dans son service. Des flics plus déterminés qu'athlétiques. Et au moment de l'interpellation, c'est bien la détermination qui fait la différence. Peu importe le physique. Tout se passe dans la tête. L'hésitation conduit à la peur, la peur à l'erreur, et dans ce métier, l'erreur est vite fatale.