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Grand format
Inédit
Tout public
304 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-207-13222-7
Coll. "Sueurs froides"
Rendre le Monet de ses pièces
Au fin fond de la montagne, dans une région éloignée de Dieu, entre la France et l'Italie, un vieil homme richissime et paternaliste fait régner sa loi sur des gens qu'il emploie ou pourrait employer, qui le vénérèrent ou en ont peur. Son fils est parti pour une mission lointaine, sa bru s'occupe de son petit-fils, prunelle de ses yeux. Même la police locale est à ses ordres, sur ses terres, et lorsqu'un loup commence à rôder dans ses forêts, il lance des battues pour dégommer l'intrus. Mais, un étranger arrive dans le coin et tout va basculer.
Racontée comme ça, cette ébauche d'intrigue pourrait être le début d'un western, d'un récit américain édité par Gallmeister, ou un roman de Pierre Pelot. Mais c'est là un polar de forme classique, mené avec soin par Laurent Guillaume. Au départ, Monet, un flic misanthrope de l'IGPN, revenu de tout, qui porte sa lourde carcasse et se sent prêt à mourir sitôt qu'il quitte Paris. Mis sur la touche, il a été envoyé pour une mission d'inspection dans une petite ville de Savoie. À peine arrivé, et alors que son humeur cynique et rentre-dedans ne lui vaut pas que des amitiés, on lui demande son expertise pour s'occuper d'un inconnu retrouvé mort au pied d'une falaise. Tout le monde penche pour un accident et aimerait clore l'affaire mais Monet ne l'entend pas ainsi. L'autopsie révélera le meurtre et, surtout, que cet étranger n'est autre qu'un ancien militaire qui vient de s'évader d'une prison proche. Entêté, Monet, épaulé par une policière locale qui oscille entre réprobation et fascination pour ce chien fou, veut découvrir la vérité. Le récit est classique et, même s'il y aura quelques révélations et rebondissements, l'intrigue est, elle aussi, de nature très classique. Mais Laurent Guillaume sait s'inscrire dans tous ces "stéréotypes", ces "choses déjà vues" pour créer un texte emportant le lecteur. Les portraits sont bien dessinés, l'action racontée avec soin et clairement visible et le rapport entre les éléments policiers et les descriptions de la nature montrés sont explosifs. Les derniers chapitres sont particulièrement emplis de suspense et haletants. Au final, si les personnages se sont un peu amadoués, ils n'ont cependant pas perdu de leur force brute. L'évocation de Monet est,par exemple, assez saisissante et Là où vivent les loups s'avère être à la hauteur des romans de ce genre à l'intérieur du roman policier de l'étranger qui vient bousculer une société un peu figée et la révéler autant qu'il se révèle.
Citation
Monet était blême. Sa proie lui avait échappé à l'ultime moment. Et c'était comme si la rage avait coupé sa verve.