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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du par Patrick Raynal
Paris : Le Cherche midi, septembre 2009
404 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1458-3
Coll. "Thriller"
S'abreuver aux sources du noir
Bud Sietz est l'un des pontes de la Mafia de Los Angeles. Ses ennemis ont une fâcheuse tendance à disparaître. Comme il est patron de night club, il peut offrir des jeunes filles aux politiciens et aux policiers de la ville. Il vient de rencontrer la belle Darla, chanteuse dans une de ses boites, dont il a fait sa poule de luxe. Mais cette dernière rue dans les brancards car il la cache et elle aimerait chanter…
Bud a un adjoint un peu particulier : Danny les deux flingues. C'est un tueur professionnel, un peu à l'écart des autres membres du gang. Surtout il est handicapé : l'année précédente, lors d'un violent combat, il a été blessé (il boite) et a perdu la mémoire. Depuis Bud le garde à ses côtés.
Tout commence lors d'une soirée mondaine où le singe apprivoisé de Darla mord un convive. Danny et un autre tueur sont chargés d'emmener le primate dehors et de le flinguer. Mais Danny ne peut s'y résoudre. Il se met à douter de la réalité de ses activités avant l'amnésie. De plus Danny vit à l'écart du gang, dans un petit bungalow. Ses voisins sont un anglais, revenu de la guerre de 14-18 avec des "blessures" morales et qui vivote comme rentier, et une mère célibataire qui a du mal à "gérer" sa fille, Sophie. Un nouveau beau-père essaye de remettre de l'ordre à coup de gifles, ce qui déplait à l'anglais et à Danny.
Une réunion au sommet est organisée entre les forces mafieuses. L'idée cachée est de chasser Bud qui est trop vieux jeu. Pour éviter les soucis, Bud confie Darla à son meilleur homme, Danny ! Mais celui-ci pourra-t-il rester insensible au charme de la belle qui a l'air de chercher à la fois un amant et un homme qui saura la débarrasser de Bud ?
Situé dans les années 1930, ce premier roman de Tom Epperson manie les grands thèmes du noir : la ville corrompue, les night-clubs, les chanteuses à la beauté fatale, les rivalités de gangs, les morts qui ponctuent l'intrigue. Il y ajoute des touches plus personnelles : des relations sexuelles un peu plus explicites, des meurtres parfois gratuits, une relation étrange qui se noue entre l'Anglais (sans doute homosexuel) et Danny et entre Danny et Sophie. Bien sûr, il existe également en sous-main cette étrange amnésie et le secret qu'elle recèle.
Toute la partie reconstitution historique que ce soit dans sa dimension réaliste (la pauvreté des petites gens de la ville) ou sa dimension fantasmée (les grandes villas de gangsters, les animaux de compagnie, les virées dans le désert pour liquider un témoin) est montrée avec un soin impeccable et un respect des mythes. On comprend que Patrick Raynal ait eu envie de traduire ce polar. Les relations entre les personnages sont détaillés avec soin et sont très crédibles dans les limites fixées par les stéréotypes du genre. On lit L. A. noir comme un vibrant et intelligent hommage aux maîtres du genre, on voit les images d'un film âpre des frères Cohen ou dans la lignée de l'adaptation d'Ellroy par De Palma. On imagine Alan Ladd ou Lana Turner face à Edward G. Robinson. Une excellente bouffée de nostalgie concentrée.
On en parle : L'Ours polar n°50 |Alibis n°35
Citation
Elle était couchée sur scène, enveloppée dans de la cellophane, complètement nue et attachée avec des rubans rouges. A part ses cheveux auburn, le foisonnement de ses abondants poils pubiens et ses gros tétons roses, elle semblait très blanche dans la lumière.