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Qui sont les terroristes ?
Grand format
Inédit
À partir de 13 ans
144 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-74-850836-9
Coll. "Les Documents"
De Saint-Just à Ben Laden, le terrorisme expliqué aux enfants
"Bienvenu dans le siècle du terrorisme"… L'exergue est claire, mais curieusement, le plan avancé ne l'est plus sitôt l'introduction achevée : c'est dans la France de 1793 que l'auteur tente d'enraciner les origines du terrorisme moderne. Why not? Mais alors, pourquoi ne pas remonter à Savonarole et à la terreur d'État qu'il installa à Florence ? Est-ce parce qu'il fallait à tout prix enraciner la question du terrorisme dans l'Histoire française ? Est-ce parce qu'il fallait enraciner les origines du terrorisme dans le périmètre de l'État moderne ? Mais dans le même temps, l'auteur peine à nous donner une définition, voire même une vision claire du terrorisme contemporain.
Sa dénonciation du phénomène voile difficilement, en réalité, une critique de la civilisation occidentale s'achevant "sur un matérialisme dénué de tout projet". Mais… L'islamisme radical ne campe-t-il pas sur les mêmes positions idéologiques ? L'auteur prend ensuite grand soin de distinguer la violence révolutionnaire d'un groupe tel que les Brigades Rouges, de celle d'Al Quaïda, s'autorisant, lui, à terroriser les innocents. Vouloir décrire la spécificité historique d'un mouvement tel que celui des Brigades Rouges est en soi louable, et faire de la question des Droits de l'Homme le fil rouge séparant la "bonne" de la "mauvaise" violence peut à la limite se discuter politiquement, mais… les Brigades ne s'accommodaient-elles pas d'une terreur inacceptable à l'encontre des petits chefs, "jambisés" selon la belle expression de l'époque, c'est-à-dire mutilés pour servir d'avertissement à tous les cadres des entreprises italiennes que rien ne serait plus comme avant ?
Quand en outre l'analyse tombe dans le relativisme le plus absolu en prétendant qu'au fond, "l'accusation de terrorisme [n']a donc un sens [qu']en fonction du point de vue qu'on adopte", et qu'on y ajoute que "toute condamnation du terrorisme [ne peut être que] purement formelle", d'un coup, on se surprend à s'interroger sur les fondements intellectuels d'une telle démarche. Et quand, de plus, cette démarche s'émaille de jugements à l'emporte-pièce du type "le terrorisme d'État est, en Israël, une évidence", il n'y a plus de doute possible : l'opus ne relève d'aucune démarche savante. Car faire d'Israël un état terroriste au même titre que l'Iran, voilà qui a de quoi choquer, et pas simplement pour des raisons idéologiques, mais scientifiques. Prétendre encore que la ligne de partage au fond pourrait être celle de la question de l'État, en annonçant très gratuitement que la violence révolutionnaire aurait pour seul but son dépérissement (on a vu, en URSS ou à Cuba ou en Chine, ou...), alors que le terrorisme viserait son renforcement (ce n'est pas le projet de Ben Laden), voilà qui paraît pensé à la louche… Enfin, n'évoquer pour seule solution que l'éducation, quand les terroristes islamistes comptent parmi les plus éduqués toutes populations confondues, il y a de quoi rendre parfaitement incompréhensible le phénomène…
Il y avait en fait une historicité de la notion elle-même, qui aurait dû construire le fil de la réflexion. Le phénomène dont elle rend compte est assez singulier dans l'Histoire pour être daté. Au fait, pourquoi n'avoir pas pris pour acte de naissance du terrorisme contemporain l'année 1964 et l'OLP ? Voilà qui aurait circonscrit au plus juste le phénomène et autorisé d'en décrire les soubassements intellectuels avec plus de pertinence, non ?
Citation
Lutter pour un monde autre est devenu presque dangereux.