Rivière tremblante

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Roman - Noir

Rivière tremblante

Énigme - Disparition - Faits divers MAJ samedi 20 octobre 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Andrée A. Michaud
Paris : Rivages, septembre 2018
366 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-4483-3
Coll. "Noir"

Requiem pour des disparitions

Rivière-aux-Trembles. Un petit village sans histoire au sein d'une nature calme. Deux jeunes enfants jouent dans les champs, dans le vert paradis des amitiés/amours enfantines. Au cours d'un orage, le garçon disparaît et Marnie, la jeune fille, ne voit qu'une ombre indistincte dans la pluie qui tombe. On ne retrouvera qu'une chaussure dans la boue. Marnie partira en ville avec sa famille, car tout le monde la regardera bizarrement mais elle se sentira obligée de revenir dans son village. Elle apprendra que la sœur du disparu est entrée dans la police fédérale et s'occupe régulièrement d'affaires de disparitions d'enfants, comme si elle voulait exorciser ce souvenir d'enfance. Dans une ville voisine, Billie Richard, trente ans plus tard, disparaît entre son cours de danse et la maison. Ses parents explosent en vol. Le père qui écrit des histoires pour enfants n'arrive pas à "faire son deuil", et se réfugie à Rivière-aux-Trembles pour essayer de "se refaire une santé". Lorsqu'un enfant disparaît de nouveau dans la petite ville, les soupçons se portent sur les deux personnes déjà attachées à une affaire du même type, et la sœur policière arrive pour comprendre, espérant que cette nouvelle disparation a un lien avec l'histoire de son frère...
Nous ne sommes pas dans une sombre histoire d'enlèvement glauque et sordide. Et le lecteur qui attend au final une résolution risque d'être déçu car le roman est avant tout réaliste, et souvent dans ce genre d'événements, les choses restent en l'état, sans solution, avec juste de la peine au fond des cœurs. Andrée A. Michaud centre son histoire sur les deux protagonistes victimes ou témoins de la disparition et qui deviennent des suspects potentiels. Face à leur deuil récent ou plus ancien, mais qui est encore une plaie ouverte dans leur vie, l'auteure raconte comment il est impossible de passer le cap. Faire son deuil, c'est la tarte à la crème de nos contemporains car un monde s'est écroulé et il devient impossible de le reconstruire. Et la nature, les amis et la vie ne peuvent rien y changer car rien ne peut consoler et le poids reste là, comme une épée de Damoclès qui ravage encore les jours qui nous restent.
Centré donc sur le quotidien, sur la façon dont la nouvelle affaire rouvre des blessures encore saignantes, le roman est une réussite noire au sens le plus précis du terme. La police est accessoire, s'agite mais ne peut résoudre les choses, se contente d'évidences sans intérêt, n'arrive pas à entrer en empathie. Andrée A. Michaud décrit avec un luxe de détails comment les deux personnages ne parviennent pas à se reconstruire, vivent quand même avec cette disparition. Vivre ou survivre, d'ailleurs. C'est cette douleur, quasi muette, mais impossible à dépasser, qui est au cœur du projet littéraire et qui est décrite de manière intense, comme si l'auteure avait vécu de tels moments, et qui constitue une réussite forte et prenante.

Citation

J'ai avancé de quelques pas dans le champ gorgé de neige fondante et, pendant que le chevreuil disparaissait dans la forêt, j'ai laissé couler sur le gouffre refermé les larmes que je retenais depuis le matin.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 20 octobre 2018
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