La Danse de l'ours

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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

La Danse de l'ours

Social - Écologique - Trafic MAJ lundi 05 novembre 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 22,6 €

James Crumley
Dancing Bear - 1983
Aude Samama (illustrateur)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos
Paris : Gallmeister, novembre 2018
illustrations en noir & blanc ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35178-135-7
Coll. "Americana"

Ours mal léché

Deuxième des quatre romans consacrés par James Crumley au détective privé Milo Milodragovitch, La Danse de l'ours nous est proposé dans une nouvelle traduction de Jacques Mailhos, et des illustrations en noir et blanc bienvenues d'Aude Samama. Cette aventure qui reprend des canons du genre noir permet à son auteur de pointer les failles d'un personnage hors normes tout en abordant des questions écologiques, qui n'ont toujours pas été résolues trente-cinq ans après la première publication.
Milo Milodragovitch, le Privé au nom le plus imprononçable du continent nord-américain, attend ses cinquante-deux ans pour hériter de la fortune de son père. Il a été pris sous la coupe débonnaire du Colonel, et joue les vigiles dans la petite ville de Meriwether, dans le Montana, quand il ne cuve pas son alcool ou qu'il ne se fait pas un rail de coke. Milodragovitch, c'est un colosse un peu frustre qu'il ne faut surtout pas asticoter. D'autant plus, qu'a priori, il cherche un sens à sa vie, même s'il réussit à traîner son humanité comme d'autres traînent leur spleen. Divorcé, père d'un gamin qui a été adopté par le chef de la police après son mariage avec son ex-femme (ce qui ne facilite pas le travail d'un Privé en règle générale, lui qui n'hésite pas à franchir la frontière de la légalité), il aime également se perdre dans des coucheries d'un soir, parfois même avec sa voisine. Un gars bien sous tous rapports. Un gars surtout obstiné. Quand une ancienne maîtresse de son père refait surface pour lui demander d'enquêter sur un couple qui se rencontre de façon hebdomadaire sur un parking au bout de sa lunette et qu'elle observe depuis chez elle, Milodragovitch aurait dû refuser. C'était d'ailleurs sa première intention. Seulement, Sarah l'a pris par les sentiments, et les sentiments sont rarement en accord avec la clairvoyance. Milodragovitch va l'apprendre à ses dépens au cours d'une enquête sinueuse, riche en rebondissements et en coups de pute, entre vraies fausses pistes et fausses vraies pistes, qui toutes mèneront notre héros du côté de la gestion des décharges publiques de l'État du Montana. Mais l'on ne peut réduire le roman à cette trame. Les déchets ne sont pas que dans les décharges. Dans le roman de James Crumley, ils trainent dans les rues et dans les bars. Les rebuts de la société sont à la fois nombreux et solitaires. Son personnage de Milodragovitch, avec sa fortune qui l'attend le jour de ses cinquante-deux ans, n'échappe pas à cette singularité : c'est un déchet comme les autres, et le peu d'estime qu'il a de lui ne contribue pas à l'aider. En revanche, le revers de sa médaille qu'il porte comme une croix c'est son besoin d'aider les autres à s'en sortir. C'est ce qu'il tente de faire avec Simmons, un vétéran de guerre, accroc aux cachetons et des cauchemars plein la tête, lorsqu'il l'emmène avec lui résoudre son enquête. C'est également ce qu'il tente de faire avec Abner, un vieil homme acariâtre à qui il fait jouer un rôle pour qu'il puisse, entre autres, se pavaner au côté d'Yvonne. Enfin, c'est ce qu'il tente de faire avec la veuve de Rausche, l'homme qu'il suivait et qui s'est fait tuer dans sa voiture, laissant une mallette pleine de coke dans son coffre. James Crumley aborde plusieurs thèmes sociétaux, parfois ne faisant que les effleurer subtilement comme lorsqu'il est question de la question de l'Amérindien dans la société américaine. Moins sous-jacente et omniprésente également, la question du rapport entre son protagoniste et les différentes femmes de sa vie. Être fidèle à sa conduite tout en étant infidèle et toujours trahi : la dure trajectoire de Milo Milodragovitch n'est pas prête de dévier de son cours.

Citation

Ça ne peut pas être une affaire de braconniers, dis-je en pensant aux engins que j'avais pris dans le coffre de la Toyota jaune et aux moignons de doigts de l'homme agrippés à mon bras. C'est impossible.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 26 octobre 2018
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