Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos
Paris : Gallmeister, septembre 2018
262 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-35178-675-8
Coll. "Totem", 105
Tagada voilà John Galton !
Huitième aventure du détective privé de Los Angeles Lew Archer, L'Affaire Galton est une histoire de double mystification sur fond d'héritage dans une Amérique plus malade que jamais. Ross Macdonald propose une intrigue étonnante, à la réalité trompeuse, avec la rencontre entre deux personnalités fortes, Lew Archer et le jeune John Galton ou quel que soit son nom.
L'Affaire Galton est peut-être l'intrigue la plus complexe et paradoxalement la moins alambiquée de Ross Macdonald. Lew Archer est appelé à la rescousse par l'avocat Sable afin de retrouver le fils fugueur des Galton, famille puissante de Los Angeles. La fugue remontant à vingt-deux ans, on se doute que l'enquête ne va pas être facile. Galton II était un étudiant par ailleurs poète idéaliste qui a convolé en justes noces avec une femme d'un milieu modeste, qui plus est enceinte de sept mois, d'où l'ire paternelle, suivie d'une discussion d'où rien ne pouvait ressortir si ce n'est une fugue (avec on l'apprendra plus tard de l'argent et des bijoux avec rubis dérobés dans le coffre familial avant de partir). Parallèlement, le majordome de Sable se fait poignarder et la femme de l'avocat, en pleine crise, termine dans un hôpital psychiatrique. Archer se retrouve mandaté par la maintenant veuve Galton pour retrouver son fils – l'approche de la mort donnant des regrets. Lew Archer n'aime pas les coïncidences. Et ça tombe plutôt bien car le lecteur non plus, pas plus que Ross Macdonald. Reste à savoir pourquoi un homme à l'allure particulièrement patibulaire a été tué chez un avocat et comment ce crime s'imbrique dans l'enquête du détective. Ce dernier remonte assez facilement la piste de Galton, deuxième du nom, pour arriver à déterrer des ossements, mais pas de tête. Puis, il retrouve Galton, troisième du nom, qui joue les apprentis pompistes. L'identité ne pose aucun doute seulement tout parait trop beau. Et des détails ne cessent de turlupiner Archer, d'autant plus que dans l'entourage des Galton on retrouve de sinistres individus qui ont en commun d'avoir fait de la prison. Alors Archer prend des taxis, des avions, des chambres d'hôtel, va jusqu'au Canada, interroge des témoins qui ont refait leur vie et qui ont intérêt à taire la vérité quand ils ne la dénaturent pas. Comme tout bon détective hard boiled, il garde des informations par devers lui, il prend des coups, perd un morceau de dent, mais ne se perd pas dans l'alcool. C'est un détective qui en est à sa huitième enquête donc il a compris qu'il devait se trouver des alliés, et il fait affaire avec un shérif avec qui il partage presque toutes ses intuitions et ses pistes. Ross Macdonald, lui, prend un malin plaisir à dépeindre une société bourgeoise malade avec une riche famille, un avocat, un docteur et des malfrats qui attendent leur heure. Mais il manie aussi l'art du contrepied et en cela le roman est particulièrement surprenant. Peut-être est-ce aussi pour cela que l'écriture parait moins désabusée et que le style est légèrement plus dégraissé qu'à l'habitude, l'auteur négligeant la plupart du temps son goût pour la métaphore qui a fait son succès. Ross Macdonald nous a habitués à faire ressortir des squelettes des placards de la haute bourgeoisie, avec L'Affaire Galton, il déterre un vrai squelette qui sera à l'origine de bien des chambardements.
Citation
Bien sûr que ça m'inquiète. Mais dans la vie, il y a des priorités éthiques. Nous ne pouvons rester là sans rien faire pendant qu'une conspiration criminelle se déroule sous nos yeux, simplement parce que la victime est de santé fragile.