Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
360 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 979-10-97417-01-7
Coll. "Chemins Nocturnes"
Sexe & mensonges
Après Kabuchiko, Dominique Sylvain continue d'arpenter les sentiers dramatiquement sinueux des relations sexuelles dans ce qu'elles ont de plus torride, mais également de plus cru. Elle y ajoute un élément virtuel avec beaucoup de lucidité, et nous sert une intrigue policière classique mais terriblement efficace sur fond de mensonges.
Dès le départ, le décor est planté et le cadavre balancé. Une jeune journaliste aux dents particulièrement longues, Salomé Jolain, qui travaille à TV24, une chaîne d'informations en continu, est retrouvée assassinée dans une poubelle d'un square du 15e arrondissement de Paris alors qu'elle enquêtait sur l'adultère. L'endroit où l'on retrouve son corps, une poubelle, n'a rien à voir avec le métier qu'elle pratique, journalisme de bas niveau, voire de caniveau. C'est au commandant Barnier d'enquêter en compagnie du lieutenant Maze. Une enquête qui les conduit tout droit du côté d'Alice Kléber, la tante de la victime. Alice Kléber, c'est la créatrice du site lovalibi.com, un site spécialisé dans le service de l'alibi pour cause de relations extraconjugales. Le genre de site qui envoie à ta femme une carte postale ennuyeuse pour un hypothétique séminaire ennuyeux auquel tu as été contraint de participer. Moyennant quoi et moyennant finance tu es en train de t'éclater dans une chambre d'hôtel, pourquoi pas d'hôtel de Licorne, comme est baptisé celui qui se trouve aux abords du fameux square. Les policiers ont donc deux pistes intéressantes. Mais ils ne seront pas les seuls à enquêter. Alice Kléber en fait une affaire personnelle car la victime était de la famille, et qu'il en va de sa crédibilité auprès de ses clients. Donc elle enquête. Et ça tombe plutôt bien, car du côté de nos deux flics, l'enquête passe très vite au second plan. Il faut dire que le couple de Barnier est au bord de l'éclatement, et que Maze lui fait du rentre-dedans avec son charisme et ses faux airs de saint-nitouche. Si on rajoute Valentin, un jeune homme autiste, homme à tout faire de TV24 et Lucien, homme à tout faire de lovealibi.com, on a un panorama complet des protagonistes de l'affaire. Comme souvent avec Dominique Sylvain, rien n'est fortuit. Elle n'écrit pas tant un roman policier qu'un roman sur les méandres sexuels et sentimentaux. Tout le roman respire le sexe. Personnages en couple ou solitaires, relations avec différence d'âge et de classe sociale, relations conjugales et extra-conjugales, sues ou non sues, consenties ou non consenties, relations homosexuelles et mêmes incestueuses : tout y passe. Et la romancière d'utiliser le langage qui va avec, et avec le français, langue prolifique en la matière, il y a de quoi faire. Mais Dominique Sylvain en use sans en abuser. En revanche, on ne peut pas ne pas penser que le choix de certains noms de ses personnages est totalement dû au hasard. Ce Valentin, dont la sainteté est si archaïque et convenue, alors que le métier d'Alice Kléber est si transgressif. Et puis l'adjoint de Barnier, avec ses airs énigmatiques et son nom qui résonne comme un labyrinthe anglais. Le roman est un dictionnaire des relations avec quelques définitions de sentiments. Il héberge en outre beaucoup de faux semblants, qui sont l'apanage de Dominique Sylvain, mais aussi de notre rapport à l'autre. Avant, on se cachait en nous-même, maintenant on peut utiliser tout ce qu'il y a de plus virtuel. C'est peut-être le plus effarant, et Dominique Sylvain l'a bien compris. Et c'est peut-être pour ça que Les Infidèles est avant tout un roman sur les nouveaux mensonges perpétuels.
Citation
Il était peut-être temps de trouver une occupation qui ait du sens. Vivre sur la bête, sur le morne animal nommé mensonge, cela commençait à bien faire.