Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Trajectoire de notre temps
Le narrateur de cette courte histoire est un jeune garçon des banlieues qui décrit en même temps les choix idéologiques ou politiques de son temps : une grande confusion. Dans la cité, on veut à la fois s'enrichir sur le mode capitaliste, et de n'importe quelle manière et, aussi, assurer une certaine redistribution sociale en achetant la paix et la sécurité par rapport à des voisins que l'on "subventionne". Le narrateur est de cette veine. Il aime la stabilité de son statut mais enrage un peu de voir que son chef ne travaille pas de manière optimale. Voulant s'en sortir il est prêt à tenter un métier honnête en devenant vendeur immobilier, mais découvre en parallèle que ces nouvelles connaissances sont des clients potentiels intéressants et que les appartements vides qu'il fait visiter pourraient être des planques utiles pour les matériels illégaux qu'il vend. Finalement, où que l'on aille, nos origines nous collent à la peau, mais seul le personnage est dupe de la fourberie des "gens insérés", qui sont sans doute aussi fourbes que ceux des banlieues. Sa clientèle est du même tonneau, du même monde moderne : entre bobos qui veulent s'encanailler sans risque et petits dealers violents qu'il faut ramener à l'ordre. Mais le rêve de tous est à l'instar du titre d'aller passer quelques jours à Marbella et de s'y éclater. Alors, le narrateur navigue entre ces deux mondes sans forcément se rendre compte qu'il existe des requins dans les deux et que la bonne société n'a pas forcément que des bonnes manières. Ce n'est sans doute pas un hasard si on verra très peu de policiers dans cette histoire, et qu'il faudra un coup du sort et une dénonciation pour que le narrateur découvre une variable autre de son univers, car le récit reste très classique : à la grandeur succèdent la chute et la décadence. Le tout est restitué sans moralisme, par les yeux du narrateur, avec un sens aigu de la description et de la mise en scène, pour une nouvelle de qualité qui confirme tout le bien que l'on pense de Hervé Mestron.
Citation
J'étais tellement malheureux que j'ai tout craqué pour rincer des Gaulois jusqu'aux chaussettes. Ils ont agrandi le cercle pour m'accueillir dans les brumes de la fraternité.