Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Souffler le chaud et le froid
Les lecteurs qui ont apprécié les précédents romans de Ian Manook trouveront quelques constantes dans celui-ci avec des décors naturels encore sauvages et rudes, des personnages hauts en couleur qui écoutent plus leur c&oeulig;r et leurs tripes que leur raison et leur intérêt immédiat, des meurtriers particulièrement inventifs et dont les crimes sont parfois liés à des rituels folkloriques. Mais l'auteur a désormais quitté la Mongolie, et aborde maintenant les rivages islandais. Là aussi on peut osciller entre les grands froids et les chaleurs importantes des geysers et des volcans. Ce n'est pas un hasard si l'origine de toute l'histoire se trouve dans un groupe de volontaires européens venus aider les locaux lors d'une éruption volcanique dans les années 1970 et si constamment les personnages passent d'une source thermale chaude où ils se baignent aux baignades plus fraîches dans l'océan. Ce n'est sans doute pas, non plus, un hasard si au centre du roman, les "méchants" veulent faire parler une jeune femme en la soumettant à une alternance entre bains glacés et jets d'eau bouillante pour la faire parler.
Le personnage central est un policier qui a la manie de régler les affaires comme cela l'arrange, y compris en passant les suspects par dessus le bastingage d'un bateau pour les faire parler ou les menacer. Coincé par une dette, il a accepté d'aider le "parrain" local, un Lituanien, à retrouver deux kilos de drogue qui devaient transiter par un chalutier mais qui ont filé dans la poche d'un jeune pêcheur. Problème, le jeune homme pour échapper aux trafiquants s'est acoquiné avec une jeune touriste qui visite le pays avec son père. En se promenant touristiquement, il compte passer sous les radars des gangsters. Difficulté supplémentaire : les deux touristes en question, des Français, sont poursuivis par un petit plaisantin qui veut les ennuyer, tout au long de leur trajet. Mais que veut-il vraiment ? En même temps, le policier doit aussi composer avec de nombreuses contrariétés. En effet, il doit enquêter sur un mystérieux tueur qui a laissé un cadavre à moitié dépecé. Peut-être le reste d'une ancienne légende islandaise où pour devenir riche, il suffit de se promener avec, en guise de pantalon, la peau correspondante d'un autre homme ! Et comme le policier est aussi un homme aux mœurs sexuelles ouvertes et un grand chanteur, vedette d'une chorale qui pratique les chants traditionnels, tout devient compliqué. Encore plus compliqué quand tout le monde (touristes, plaisantin, trafiquants, policiers, amies du policier) commence à suivre sur les routes isolées du pays, à se croiser et se recroiser, à se perdre de vue et se retrouver. Et que la fille française est enlevée, et que des oiseaux semblent surveiller et menacer les protagonistes du drame...
Ian Manook renoue ici, sur une intrigue très road movie, avec tout ce qui fait son charme et qui a fait ses preuves : un décor exotique qui, plus qu'un simple paysage et la description d'un folkore, est une partie importante de l'histoire, des personnages atypiques et bien construits, une sauvagerie naturelle et humaine qui se suit avec force et intérêt, et enfin un sens du rythme et de la narration.
Citation
Les marins n'aiment pas la mer. Ils aiment naviguer, mais ils n'aiment pas la mer. Pour quelques mers d'huile dociles, combien de houles fourbes, de grains, de tempêtes et de vagues scélérates. La mer est une maîtresse trompeuse qui prend les hommes et les bateaux par le ventre, même les plus solides, et les engloutit.