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Hôtel du Grand Cerf
Poche
Réédition
Tout public
360 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-7174-4
Coll. "Policier", 4852
Ardennes que pourra
Franz Bartelt est un romancier esthète du style et du picaresque. Dans Hôtel du Grand Cerf, son personnage principal, voire incontournable, l'inspecteur Vertigo Kulbertus, est un adepte de la rodomontade et de la bière, à l'instar de son illustre aîné, Gideon Fell, l'enquêteur de John Dickson Carr. Mais les similitudes s'arrêtent tant aux plaisirs divers de ces deux personnages qu'à leur imposante carrure. Pour le reste, leurs méthodes d'investigation divergent. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'inspecteur au nom improbable et à la porte de la retraite semble avoir multiplié les échecs lors de nombre de ses enquêtes par le passé. Cela n'a pas nui à son entrain, ni à ses certitudes. Et ce n'est pas le drame qui l'attend dans un petit village des Ardennes du nom de Reugny qui va y changer quelque chose. Là-bas, cinquante ans plus tôt, Rosa Gulingen y a trouvé la mort sans que l'on puisse exactement découvrir s'il s'était agi d'un suicide ou d'un assassinat. Enfin, elle a surtout trouvé la mort dans la baignoire de sa chambre d'hôtel, l'hôtel du Grand Cerf. C'était une actrice de cinéma qui vivait un grand amour avec un autre acteur qui s'apprêtait à la délaisser. C'est surtout l'actrice favorite de notre inspecteur, un inspecteur qui n'est pas exactement là pour ce drame, mais pour la mort d'un douanier maître chanteur que tout le monde ou presque semblait détester. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la présence d'un inspecteur de police dans un petit village où tout le monde sait tout, où tout le monde se tait et où tout le monde épie tout le monde ne réfrène pas les ardeurs du tueur puisque très vite un second meurtre a lieu, et que la fille de l'hôtelière disparait. Sous couvert de sa grande exubérance, Vertigo Kulbertus mène une enquête qui l'amène à remuer le passé, à se coltiner les ragots et à séparer le bon grain de houblon de l'ivresse. Démêler l'ivraie de la faux en quelque sorte. Le tout en compagnie du journaliste Nicolas Tèque venu sur place pour en savoir un peu plus sur le drame antérieur, pour se dépayser, boire un peu et il l'espère faire un peu l'amour. Hôtel du Grand Cerf est un roman noir faussement foutraque et véritablement réjouissant. On confine au burlesque et on finit par virer à l'immoralité la plus totale après une fin classique et éminemment logique (pour peu que le lecteur omniscient ait réussi à relier les différents fils de l'intrigue ; l'écueil étant de se laisser porter tranquillement par l'auteur et ses personnages). Surtout, on passe par tous ses états, et l'on s'attache à certains protagonistes peints avec crudité et cruauté, des personnages qui sont des paumés d'un bled paumé, où le sexe est sordide et les routiers peu sympas.
Citation
Je ne voudrais pas te paraître pessimiste, mais la vérité n'est pas de ce monde. Il n'y a pas d'innocents. La vérité est peut-être de l'autre monde. Mais l'autre monde n'étant ouvert qu'aux innocents, je le vois vide et désert. La vérité est infréquentable. Parole de flic.