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Grand format
Inédit
Tout public
416 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-251-0380-7
Coll. "Polar"
En dix huit coups de fusil
Un petit golf de province, comme une petite famille, avec ses joies, ses amitiés et ses rivalités. À la tête de l'entreprise, un patron qui passe son temps entre le terrain et son château dans une autre région. Alors, il délègue tout le travail à son chef d'équipe, Victor, un Sénégalais. Des bruits courent sur Victor, sur les raisons qui l'ont fait fuir le Sénégal, sur ses amitiés étranges avec les membres du personnel, sur sa richesse. En effet, il a pu s'acheter une maison de maître dont les derniers propriétaires s'étaient pendus (d'où le titre du roman) et il dépense sans trop compter pour un couple de travailleurs du golf qu'il a pris sous son aile, suscitant ainsi la jalousie des autres ouvriers. Un jour, suite à un coup de téléphone anonyme, la police découvre le corps sans vie de Victor, tué avec son chien de chasse, dans un petit pavillon situé au bot du golf. Le gendarme chargé de l'enquête se gratte le front car il y a peu d'indices. Cependant, peu à peu, les rivalités, les haines, les mesquinerie, l'origine de la fortune de Victor, le pourquoi de ses choix apparaissent tandis que tout le monde se met à rechercher ce qui peut bien rester de sa fortune. Quand sa protégée accouche et disparaît, les passions augmentent encore.
Récit policier inscrit dans les provinces françaises, centré autour d''un microcosme particulier - le petit groupe qui travaille sur un petit golf -, La Maison des pendus dispose d'une construction particulière : on ouvre par la découverte du corps, puis la moitié du roman va être consacrée à tout ce qui a préparé le drame - montée des haines, communications impossibles entre les acteurs, fêlures psychologiques et sociales des personnages disséqués avec soin et empathie. La dernière partie renoue avec une sorte de road movie limité, entre drame et ironie : les travailleurs du golf poursuivent le protégé de Victor qui fait le tour de France des terrains de golf dans un camping-car (hommage lointain à Slimani, le détective privé de Jean-Paul Nozière qui se promenait en camping-car et se retrouvait lui aussi en Franche-Comté) pour retrouver sa compagne enfuie avec leur bébé. Ces différents éléments se conjuguent pour offrir une image des provinces, de la vie d'un petit groupe, un peu Pieds Nickelés, qui tentent de vivre avec des petits boulots, qui rêvent d'une réussite facile (un trésor caché dans une maison peut-être hantée, dans une sorte de chasse au trésor où ils sont prêts à tuer pour avoir un peu d'argent, où chacun se débrouille comme il peut, en vendant sa force de travail, son corps si besoin, en s'appuyant sur les sentiments des autres) et d'un futur plus réjouissant que celui pour lequel ils sont programmés. C'est dans cette évocation noire mais enchantée par l'écriture et un sens aiguisé d'une tendresse pour ses personnages que Jean-Paul Nozière continue à nous faire partager les sort des "gens de peu" ballottés par le destin.
Citation
La nuit tomberait d'ici peu. le moment idéal, songea Tonio, en vérifiant la souplesse du mécanisme de son fusil de chasse Brno, à canons superposés. La crosse en noyer se calait bien dans le creux de l'épaule.