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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Frédéric Hanak
Paris : Gallimard, novembre 2018
710 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-014550-8
Coll. "Série noire"
Objection, votre honneur !
Vernon James est une personnalité du monde des affaires qui dès le début du roman de Nick Stone reçoit un important prix qui récompense son éthique. Quelques heures après, il est arrêté dans ses bureaux car, dans sa chambre d'hôtel, s'il a laissé un mini-bar en mauvais état, il a surtout laissé le cadavre d'une jeune femme étranglée dans son lit. Et quand pour sa défense il avoue qu'il est innocent et qu'il se trouvait bien là mais avec une autre femme, il devient très difficile de l'innocenter. Les choses pourraient encore se compliquer pour lui car il choisit comme avocats ceux de la branche pénale de son cabinet d'affaires. Or, le greffier chargé de son dossier n'est autre que Terry, qui fut un de ses amis d'enfance, qui lui servit d'alibi lors de la mort de son père et qui fut rejeté en première année de faculté par ce même Vernon James. Terry n'est pas rancunier de nature, mais il pourrait profiter de l'occasion pour se venger. À peine commence-t-il à enquêter pour préparer le procès, qu'il découvre des erreurs qui le chagrinent. Le rôle de ses propres employeurs ne semble pas non plus extrêmement net.
Les manœuvres des différents protagonistes du procès, les luttes d'influence, les allers-retours entre les preuves et les argumentations du système anglo-saxon deviennent le cœur du roman. Afin d'éviter d'ennuyer le lecteur par une structure convenue et répétitive, Nick Stone ouvre l'histoire en direction de plus d'actions. C'est ainsi que Terry se trouve déterminé à comprendre ce qui se cache derrière ce qu'il devine être un piège tendu à son vieil ami et, à mesure qu'il commence à dévoiler des pistes (et l'auteur est très fort pour laisser des indices visibles mais peu compréhensibles qui se révéleront être importants, titillant le lecteur), les voit se refermer par une suite de morts de plus en plus suspectes. L'arrière-plan, plus conventionnel, est animé par la personnalité de Terry, entre son passé qui refait surface et qui le plombe (une ancienne petite amie qui est devenue la femme de Vernon James, qui cumule, le fait qu'il ait sombré dans l'alcool, ses relations rompues avec sa famille jugée de trop basse extraction sociale...) et son présent où il tente de fonder une nouvelle vie de famille. Cet arrière-plan présente par rapport aux romans américains des habitués du genre du prétoire ce côté plus spécifiquement britannique qui joue sur les classes sociales, sur les antagonismes de classe et sur les gens qui essaient de passer plus ou moins clandestinement de l'autre côté du plafond de verre. Il constitue la toile de fond d'une description aiguisée de la société britannique entre juges à perruque, reliquats de la société nobiliaire, prolétaires conscients de leur classe ou nouveaux riches qui croient monter en grade alors qu'ils continuent à n'être pas considérés par les "vrais" hauts de panier. Le Verdict maintient l'équilibre étroit entre scènes de genre (un procès, les interrogatoires, les preuves, et contre-preuves), descriptions de la vie britannique et des moments de pure action, décrits avec soin et dynamisme pour créer une très bonne "Série Noire".
Citation
Quand les infos annoncèrent que Vernon James avait été arrêté pour meurtre, je fus partagé. Même s'il avait été autrefois mon meilleur ami, j'espérais qu'ils serait jugé coupable et qu'il finirait sa vie en prison.