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Exhumation
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Julie Sibony
Paris : Le Seuil, novembre 2018
390 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-02-138762-9
Expériences douloureuses
Ancien athlète scolaire devenu coroner (une fonction différente de médecin légiste) à San Francisco, Clay Edison est amené sur les lieux de la mort de Walter Rennert, un professeur en psychologie de Berkeley aujourd'hui à la retraite. Une mort dont la cause semble évidente : à soixante-quinze ans Rennert s'obstinait à pousser son corps à des sports incompatibles avec sa consommation d'alcool et a fait une chute mortelle dans un escalier. Et, pourtant, Tatiana Rennert-Delavigne, la fille du professeur, insiste à dire qu'il a été assassiné. De plus, on trouve chez le défunt un médicament employé pour traiter la schizophrénie et la dépression. Clay apprend que Rennert avait pris sous son aile Julian Triplett, un homme qui ne correspondait guère au profil de ses étudiants, un colosse noir à l'intelligence limitée. Or, en 1993, Triplett avait fait partie d'une expérience menée par Rennert, à savoir déterminer si jouer à des jeux vidéo violents pouvait rendre violents un panel d'adolescents. Expérience qui s'était soldée par l'assassinat particulièrement horrible de Donna Zhao, une étudiante chinoise travaillant dans le laboratoire de Rennert, et qui coûta cher au psychologue lorsque la famille de la victime fit un procès à la fac tout entière pour négligence. L'agresseur avait été identifié, mais conformément à la loi protégeant les mineurs, son identité n'avait jamais été divulguée, et le procès s'était déroulé à huis-clos. Or, un mois après les faits, Nicholas Linstad, un autre étudiant de Rennert, s'était tué de façon similaire, en tombant d'un escalier. Quant à l'assassin, d'après Tatiana Rennert-Delavigne, il fut libéré peu de temps après. Triplett pourrait peut-être aider Clay à tirer au clair cette histoire, mais il reste introuvable...
Tout roman qui commence par les mots : "Quand je rencontre des gens nouveaux, en général, ils sont morts" ne peut pas être fondamentalement mauvais... Si la série précédente du duo père-fils (Jesse étant lui-même un auteur accompli) consacrée au policier Jacob Lev (non traduite à ce jour) n'avait pas convaincu, le précédent roman de Jonathan Kellerman, Killeuse, était plutôt une bonne surprise tant l'auteur se contentait de gérer sans éclats sa série des Alex Delaware (qui fait une apparition dans ce roman au lieu d'être juste cité dans Killeuse). Il serait vain de vouloir dire qui a dit quoi, mais ce gros roman est typique de ce qui a fait la patte de l'auteur considéré comme l'héritier de Ross Macdonald : des intrigues touffues qui sont en même temps des études minutieuses de caractères, basées sur une série d'interrogatoires, se déroulant dans les milieux huppés de Californie où un crime met à jour des secrets honteux. On n'évite pas quelques clichés (tel le privé moyen, notre héros trouve facilement de quoi souscrire au repos du guerrier), mais pour trois cent quatre-vingt-dix pages, le tout est quasiment dépourvu de longueurs (enfin, les fans de James Patterson risquent de trouver que ça manque d'explosions...). C'est une lecture plaisir qui offre un divertissement de qualité avec un scénario minutieux.
Citation
Pris en tenaille dans la main gauche de Rennert se trouvait un objet qui, pour moi, est presque toujours la meilleure preuve qui soit : un téléphone portable. Les gens conservent leur vie entière sur leur téléphone. Vous seriez surpris du nombre de ceux qui tapent sur Google 'signes d'une crise cardiaque' au lieu d'appeler les secours.