Enfermé.e

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Roman - Noir

Enfermé.e

Social - Vengeance - Prison MAJ mardi 29 janvier 2019

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Jacques Saussey
Paris : French Pulp, octobre 2018
382 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-251-0401-9
Coll. "Polar"

Meurtres sans rédemption

Virginie ne demandait qu'à vivre sa vie en paix. Seulement voilà, elle est née dans un corps d'homme, donc vouée à toutes les brimades dès l'école. Après le rejet de ses parents, vient la pente fatale de prostitution, la drogue, puis cette tentative de braquage minable qui se solde par la mort de ses deux complices abattus par une main anonyme en tentant de fuir. Enfin vient la prison, les viols à répétition, jusqu'à ce qu'elle décide de prendre les devants. C'est alors l'heure de la voie de la réinsertion dans une "maison de retraite", ou plutôt un mouroir pour indigents où on recase les repris de justice. Un autre enfer tout aussi carcéral où les brimades reprennent, avec parfois une lueur d'espoir. Il y aussi ce fils dont elle sait sans l'ombre d'un doute qu'il a tué Marie, sa propre mère, en l'étouffant sous un oreiller, même si nul ne voudra jamais la croire. C'est là que Virginie va prendre sa revanche sur l'existence...
Difficile de résumer un roman aussi ambitieux, épique presque, qui raconte l'existence entière d'un personnage, qui se termine même d'une certaine façon dans l'anticipation. (On entend déjà hurler les détracteurs de l'écriture inclusive, sauf que jamais son usage a été plus approprié.) Un roman quasi militant qui refuse la voie facile du thriller industriel (l'auteur s'en explique à la fin, si toutefois il faut une justification quelconque), mais qui est traité par un professionnel manifestement rôdé aux techniques d'écriture et de narration en y ajoutant une touche purement viscérale dont on finit par perdre l'habitude, tant deviennent rares les auteurs qui mettent leurs tripes sur la page. Évidemment, on ne peut que tracer un parallèle avec le classique du roman d'enfermement qu'est le traumatisant Meurtres pour rédemption de Karine Giébel, et nul doute que l'on pourra lui faire le même procès d'intention : faut-il user de tant de violence pour la dénoncer ? Car après un braquage évoquant le célèbre Nikita, Jacques Saussey n'hésite pas à user de mots crus, de ceux qui dérangent. Les habitués des séries téloches prémâchées risquent de tiquer, tant l'auteur prend un malin plaisir à appuyer là où ça fait mal. Il est tout de même dommage que pour se faire, presque tous ses personnages soient des brutes unidimensionnelles aux limites de la caricature... Et puisqu'il s'agit d'une histoire de vengeance, comme le dévoile l'éditeur lui-même, on se retrouve face au même dilemme qu'avec le Rainbow warriors du regretté Yal Ayerdhal : la violence, ici la vengeance, peut-elle être considérée comme "juste" du moment qu'elle s'exerce au nom d'une bonne cause, du moins établie comme telle ? Une question à laquelle on ne va certainement pas répondre ici, à chacun de se faire son opinion. En tout cas, voilà un des rares exemples de littérature à l'estomac qui n'a pas peur de bousculer le lecteur dans ses certitudes. Il est des fois où une bonne baffe peut faire du bien...

Citation

Elle a baissé la tête. Sa main droite a effacé la cicatrice sur son poignet gauche, là où les veines étaient bien visibles. La camionnette du SAMU, les hurlements de sa mère, la colère de son père... Deux ans déjà. Tout était resté intact dans sa mémoire. Rouge vif. Avec des éclairs bleus et blancs.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 29 janvier 2019
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