Irrespirable

Et tous ces cadavres, Eva en avait partagé la responsabilité. Sans être exactement à la manœuvre, elle était toujours présente pour encourager son compagnon, avec un enthousiasme communicatif et toujours funeste pour ceux qui étaient en face.
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Contenu

Roman - Policier

Irrespirable

Social - Énigme - Assassinat MAJ lundi 04 mars 2019

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,95 €

Olivia Kiernan
Too Close to Breathe - 2018
Traduit de l'anglais (Irlande) par François Thomazeau
Paris : Hugo, octobre 2018
364 p. ; 21 x 14 cm
Coll. "Thriller"

Dublin noir

La commissaire de Dublin Frankie Sheehan se remet à peine de sa dernière arrestation, qui lui a joliment valu un coup de couteau, lorsqu'une scientifique de renom, le docteur Eleanor Costello, enseignante en microbiologie, est retrouvée pendue chez elle. Il est vite évident qu'il ne s'agit pas d'un suicide, une tierce personne était présente. Sinon, pourquoi n'aurait-on pas retrouvé de tabouret à proximité ? Son mari demeure, lui, introuvable... Le seul indice est une trace bleue sur le bras de la victime, substance qui s'avère être du bleu de Prusse. Puis un deuxième cadavre est retrouvé, pris dans un feu de joie d'Halloween. Ce coup-ci, il s'agit d'Amy Keegan, une étudiante de la petite ville de Clontarf. Il apparaît également que les Costello étaient adeptes de jeux sadomasochistes poussés où la victime n'était pas forcément qui on croit... Mais cette affaire ramène curieusement à la précédente de la commissaire, celle qui l'a marquée dans sa chair. Serait-il possible que l'homme accusé du meurtre sordide de sa voisine soit innocent ?
On le sait, le polar anglais (ici irlandais) classique est une industrie locale où les places sont chères. D'où ce nouveau protagoniste commençant alors qu'elle se remet d'une arrestation – donnant l'impression de prendre une série en cours de route avant que cet élément soit expliqué, certes d'une façon qui étire la crédibilité. Et comme un protagoniste de série télévisée, notre enquêtrice est caractérisée par un trait, en l'occurrence ce bonzaï qu'elle cultive. Du tout venant donc ? Non, car si l'enquête reste classique, son auteure, Olivia Kiernan, y amène ce petit élément insondable que l'on appelle le talent... Talent pour décrire des émotions, fut-ce de matière béhavioriste (narratrice implique) ou des descriptions précises et parlantes, le tout avec un art de la concision bienvenu en ces temps de pavés voués au tirage à la ligne. Par contre, inutile de s'attendre aux déferlements de violence, de sexe et d'horreurs que promet une quatrième de couverture un brin emphatique... Ajoutons néanmoins que le roman est bien servi par une traduction plutôt inspirée. On a aussi un cas de violences domestique ou pour une fois, la victime n'est pas celle qu'impose la doxa actuelle, ce qui est courageux et inattendu. Voilà donc un solide polar classique avec ce petit supplément d'âme qui fait la différence par une auteure dont on attend avec impatience le prochain roman.

Citation

Notre relation ne repose pas sur des élans de sincérité. Elle est faite de dossiers, de suspects, d'objets contondants, de crimes odieux. Notre enfer n'est pas pavé de bonnes intentions, juste armé d'un AK-47.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 04 mars 2019
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