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Grand format
Inédit
Tout public
148 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-1504-7
Coll. "Noir"
Le grand remplacement
Dans une petite ville que l'on imagine du nord de la France, le lieutenant Dapper (comme le musée) enquête sur la disparition de deux enfants. Et puis il y a ce fait divers autant intriguant qu'horrible : un matin, les animaux d'un cirque sont retrouvés tués dans un bain de sang qui inonde une place enneigée. Les spectateurs malgré eux du drame sont bien entendu médusés. Parmi eux, Dapper et Théo, son fils, en route pour l'école. Et un autre spectateur, mystérieux, qui observe le père protégeant son enfant. C'est alors que Théo disparait. La menace d'un tueur en série voit le jour. Dapper est dessaisi de l'enquête car évidemment trop concerné. Mais il va néanmoins enquêter et démêler les fils complexes de cette intrigue dont nul ne ressortira indemne. Plusieurs protagonistes sont là, tous plus ou moins potentiellement coupables. En premier lieu, le docteur Tristan. Un psychiatre à l'approche médicale particulière qui administre une clinique pour enfants déficients et abandonnés. Ilyas, l'un de ses jeunes patients, étrangement intelligent, est convaincu d'avoir un don de voyance ou de préscience. On le pense illuminé d'autant qu'il prophétise (la joie étymologique du prénom) et manipule ses visiteurs, et qu'il semble pouvoir s'absenter de l'hospice à sa guise. C'est évidemment un suspect au fort potentiel. Mais, il est loin d'être le seul. Hélène, l'institutrice de Théo, qui a fétichisé l'enfant et sa place dans la classe, est amoureuse folle d'Anna, la mère de Théo. Anna, une jeune femme éplorée qui voit son couple voler en éclat (et on comprend pourquoi), et qui est dans un tel état de faiblesse qu'elle est une victime potentielle d'une prédatrice sexuelle. Gilles Sebhan fait apparaitre ses personnages les uns après les autres dans un texte court et rythmé. Il défie la chronologie et choisit de cacher certains pans de personnalité pour mieux appuyer sur d'autres et ainsi multiplier les fausses pistes. Les portraits gris qu'il dresse sont tous marqués du sceau de l'isolement. Même les personnages qui vivent en couple, en société, semblent plus seuls que jamais. Et il y a ce constat terrible sur l'enfance, l'incompréhension, la violence de la vie enfantine, le besoin de quelque chose. Entre le thriller (l'alternance des chapitres et des voix qui le parsèment) et le roman policier (le protagoniste est flic), Cirque mort déploie une galerie de personnages à l'image de la ménagerie du cirque inaugural. Il n'y a de la place que pour la tristesse et le retour de la joie semble impossible. Ce n'est pas tant un drame humain qu'un drame de l'Humanité. Et ce d'autant plus que la fin nous assène une révélation terrible. Dépressifs s'abstenir.
Citation
Se croire protégé quand on est policier, c'est un peu comme remonter les couvertures en imaginant qu'on s'abritera des monstres.