Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Le retour de la fille de la vengeance qui tue
Mais qui est donc cette Gwen qui donne son nom au titre de ce roman ? C'est un personnage qui a de multiples identités, qui traverse les genres (elle est à la fois médecin, médecin légiste pour la police et tueuse pour un groupe secret de cambrioleurs qui tire ses origines d'une confrérie médiévale) aussi vite qu'elle traverse les appartements divers qu'elle occupe et cache ses divers déguisements. Cet exemple est loin d'être anodin. En effet, Gwen dispose de nombreuses planques dans lesquelles elle entre et se transforme, ou qui lui permettent de disparaître grâce à des passages secrets. Cette atmosphère rappelle, et ce n'est pas qu'un hasard, les grands titres de la littérature populaire du début du XXe siècle. Il y a un côté Fantômas ou Arsène Lupin dans une série de thrillers dont ce volume (même s'il peut être lu de manière indépendante) n'est qu'un élément, pourvu de multiples rebondissements. De même, il y aura d'autres indices de ce rapport au roman populaire : agents doubles, voire triples, passions amoureuses exacerbées, meurtres en tous genres, fausses morts et tendances criminelles qui ressurgissent dans les liens familiaux depuis des siècles, et dont il est compliqué de voir les tenants et aboutissants, société secrète noyautée par une autre et parcourue par des courants internes qui poussent les personnages à se trahir et s'entretuer, comme moyen de monter en grade. Mais Christine Brunet ne va quand même pas se limiter à cet aspect dans la tradition de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Aussi captivantes et mouvementées que soient les intrigues de ces précurseurs, il faut leur insérer de la modernité et Christine Brunet ne s'en prive pas : analyses ADN, recherches Internet et téléphones portables utilisés de toutes les manières possibles, trafics de drogue internationaux, avec courses à dos de chevaux dans les steppes entre la Chine et les marges de l'empire oriental de la Russie, côtoient avec rapidité les meurtres à la papa (empoisonnement avec du whisky à trente mille euros la bouteille ce qui est assez classe, corps torturés laissés dans des caves, tueurs déguisés en policiers, frères et sœurs unis dans le crime, trahisons diverses et variées, avec l'aide des domestiques et autres hommes à tout faire.
Avec ce roman, il est très difficile pour le lecteur de trouver le temps de se reposer. À peine un personnage est-il livré à des crocodiles dans un fleuve africain que l'on se retouve à Paris pour assister au meurtre d'un antiquaire avant de foncer à Malte pour découvrir le cadavre d'une demie-sœur et être attaquée dès la sortie de la morgue par des tueurs sanguinaires. Dès qu'ils sont blessés, les protagonistes absorbent un cordial, se mettent un pansement et foncent vers le rendez-vous suivant où ils seront attachés et soumis à une mort longue et pénible (dans une cuve d'alcool qui se remplit peu à peu mais quelle horreur avec de l'eau !) Rafraîchissant, échevelé, Gwen, adieu... est un hommage aux grands maîtres anciens, mâtiné de la modernité nécessaire pour être d'ici et maintenant. C'est avant tout un roman pour les amateurs de ce courant populaire et primesautier de la littérature policière.
Citation
Dans son oreillette, on lui annonçait le découverte de deux cadavres... Dépité, il allait faire demi-tour lorsque son crâne parut imploser. Il perdit connaissance dans la douleur.