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Grand format
Inédit
Tout public
396 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-251-0381-4
Coll. "Les Féroces"
Sade song
1768. Donatien Alphonse François, Marquis de Sade, commence à défrayer la chronique. Même lorsqu'une certaine Julie Testard l'envoie en prison pour débauche outrée, Rose Pélagie de Montreuil, l'épouse de Sade, n'a rien dit. Car son mari est noble, de sang royal, et de plus, sa belle-famille désespérait de marier sa fille hommasse, au physique disgracieux. S'il faut pour cela passer par quelques silences complices... Rose Keller, elle, est veuve, venue des pays de l'Est, et se retrouve sans emploi. Elle en est réduite à mendier sur la place des Victoires. C'est là qu'un jeune homme la remarque et lui propose un emploi de femme de chambre. Mais elle comprend vite qu'elle n'aura pas à faire le ménage... Enfermée par cet homme qui se prend manifestement pour un être supérieur, elle souffre en silence. Elle ignore qu'elle a une alliée en la personne d'une catin nommée Julie Follecuisse qui a vu Rose monter dans sa calèche. Julie qui n'a qu'un seul désir : se venger de ce que le marquis lui a fait subir, et qui a extorqué à un inspecteur de police les nombreuses cachettes de sa némesis. Mais avant d'assouvir sa vengeance, il lui faut libérer son alter ego dans la peine...
Polar historique ou roman historique tout court ? On optera plutôt pour la seconde hypothèse, tant les minutes (au sens judiciaire du terme) de l'affaire sont détaillées, avec en prime une série d'annexes qui raviront les amateurs d'histoire. Certes, quoique évitant la complaisance, le tout est à charge, faisant le portrait d'un Sade assurément libertin, mais mû surtout par sa misanthropie qui le pousse à détester tout le monde, à commencer par lui-même, mais aussi persuadé que son titre de noblesse fait de lui un être supérieur. Dénonciation d'un état d'esprit qui s'affiche encore de nos jours, y compris pour des privilèges donnés par la naissance au détriment du mérite personnel... Il s'agit aussi d'une métaphore évidente des "élites" se croyant tout permis avec la complicité passives de ceux qui se contentent de leurs miettes, également aussi vieille que l'humanité. On peut regretter que l'aspect artistique soit passé à l'as – Sade est tout de même dans la "Pléiade" grâce au courage de Jacques Pauvert qui brava la censure et la bien-pensance pour le rééditer –, mais à la décharge de l'auteur, si le "divin marquis" avait déjà commencé sa triste carrière, il n'avait encore rien écrit à l'époque des faits (une idée pour les deux romans suivants de la trilogie annoncée ?). Et pour un premier roman, Ludovic Miserole témoigne d'une écriture bien à part, du moins dans son ressenti, même si on serait bien en mal de la définir. Les habitués des auteurs de grands thrillers trouveront peut-être le rythme lent, mais c'est pour mieux établir un décor et des personnages.
Citation
La jeune femme n'avait plus aucun repère, ne savait plus où elle était, ni même l'heure qu'il pouvait être. Le temps s'étirait à l'infini et, avec la peur qui la tenaillait, l'éternité ne lui était plus étrangère. Elle était une compagne vicieuse et encombrante.