Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
392 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-23889-9
Coll. "La Bête noire"
Brûler au paradis
Pour une fois, nous donnerons le conseil étrange de lire la postface avant d'attaquer le roman de Patrice Guirao. Dans ces quelques pages, l'auteur défend une forme particulière du polar, "adaptée" aux particularités culturelles des îles du Pacifique. Ce petit essai ou manifeste permet de mieux comprendre la façon dont fonctionne le roman et d'en percevoir la substantifique moelle. Tout commence avec le monologue d'un tueur en série qui se trouve dans une situation étrange. Alors qu'il vient de s'amuser avec une énième victime, il découvre dans la maison de sa nouvelle proie le cadavre de son ex-femme... Qui plus est, en fouillant un peu, il tombe sur des photos qui montrent justement son épouse avec lui mais dans les paysages de Tahiti, un endroit où il n'a jamais mis les pieds ! S'inquiètant de la situation, il part pour les îles afin de tenter de mieux comprendre cette histoire rocambolesque, emmenant avec lui son rat qui a l'étrange habitude de parler. Sur place, la journaliste Maema est confrontée à une affaire bien sanglante. Des tueurs inconnus ont découpé en morceaux des touristes puis ils les ont brûlés sur un grand bûcher. Ils ont laissé quelques morceaux découpés dans la nature et, ce qui surprend la gendarmerie, c'est qu'une jambe semble avoir disparu dans l'opération. Quand apparaissent sur Internet des vidéos du crime cela commence à devenir compliqué. Comme les pas du tueur en série vont croiser ceux de la journaliste (cette dernière a eu une relation amoureuse avec l'épouse du tueur), les deux intrigues vont se côtoyer.
Ce qui est surtout important dans l'histoire, c'est son côté dépaysant. Les îles du Pacifique sont montrées sans tout le folklore des vahinés avec leurs petites guirlandes de fleurs qu'elles passent au cou des arrivants. Patrice Guirao offre, lui, avec un sens des réalités du terrain, une approche plus sociale et sociétale : chômage, alcoolisme et usage de drogues avec des îliens perturbés entre l'univers traditionnel et les nouveautés du monde moderne. Le récit oscille entre les motivations des créateurs du bûcher et des raisons de cet acte particulièrement horrible et les visions-fantasmes (ou réalités) de ce tueur qui soliloque avec un rat particulièrement intelligent (il est capable de citer des phrases, qu'il comprend, des auteurs dont il a au sens propre dévoré les livres). Cela crée une atmosphère qui joue avec une perception un peu différente des vérités et qui correspond bien à la volonté que justement Patrice Guirao explicite dans sa postface.
Une bonne surprise
Citation
- Laisse la jambe, viens m'aider.
- Et la fille ?
L'homme en contrebas lui fit signe de le rejoindre.
- Descends. La fille, on s'en fout. Tu la laisses dans la caisse. prends les deux têtes qui restent. On y va.
Le type se laissa glisser jusqu'au rocher. Il se pencha sur les têtes sanguinolentes.
- Et les langues ?
- Que les têtes.