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Le Dernier thriller norvégien
Grand format
Inédit
Tout public
206 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-492-2
Coll. "Littérature"
L'éditeur de Schrödinger
Luc Chomarat aime à manier l'absurde dans ses romans. Et il n'est pas le dernier à s'enticher des modes. Ses derniers ouvrages ont d'ailleurs pour titres Le Polar de l'été et Un petit chef d'œuvre de littérature (tout un programme). N'y voyez pas là une immodestie démesurée, bien au contraire. Il n'en demeure pas moins que c'est un auteur au style discrètement plaisant qui propose des intrigues (presque) complexes mais assurément réfléchies et soigneusement bâties selon un canevas digne des meilleurs romans des littératures policières (on devrait d'ailleurs l'étudier). Certaines phrases s'apparentent à des aphorismes qui se lisent de façon jubilatoire. Reprenant pour l'occasion son personnage d'éditeur (mou) Delafeuille, apparu dans L'Espion qui venait du livre, Luc Chomarat nous distille une énigme qui ne fait absolument pas froid dans le dos nonobstant son aspect nordique avec un goût prononcé pour l'anarchie géographique puisque cet éditeur sans trop de sous, sur la sellette, doit s'attacher les droits du maître incontesté du thriller norvégien Olaf Grundozwkzson... au Danemark ! (Le lecteur s'amusera aussi du fait que le Français maitrise particulièrement bien une langue qui lui est par ailleurs étrangère.) Les dés semblent être pipés puisque deux autres éditeurs, plus machiavéliques et qui offrent plus de garanties financières (mais autant de complexes), sont également présents dans le même hôtel que lui. Mais c'est sans compter les tribulations d'un Esquimau au Danemark (un tueur en série particulièrement et évidemment retors) et les errements de l'âme humaine (avec des simili trahisons et interrogations personnelles, notamment celles de Madeleine Murnau, une femme qui a tout et rien d'une vampire). Comme dans le premier volet, l'auteur manie malicieusement la métalepse narrative (l'irruption du réel dans la fiction et inversement), celle qui a fait le succès du Magnifique, avec Jean-Paul Belmondo. Les situations les plus loufoques se multiplient et s'additionnent avec une absurdité folle. Le lecteur omniscient assiste à la découverte du dernier roman d'Olaf G. (c'est plus simple) et à ses nombreuses incidences sur la réalité (à travers des assassinats savamment orchestrés). Comment d'ailleurs démêler le vrai du faux ? C'est le ressort d'un livre qui laisse également émerger tous les canons des littératures populaires avec la grâce voulue d'un pachyderme. C'est ainsi que Delafeuille se transforme en héraut et preux chevalier itinérant, rien que pour sauver une jeune femme créée de toutes pièces à la plastique irréprochable (on peut douter de ses motivations). Ce roman, très cinématographique, multiplie les twists finaux sur fond de physique quantique. Si on est en mesure de se demander si Le Dernier thriller norvégien a ou n'a pas existé, il n'en est pas de même pour le plaisir de lecture qu'il offre. Ce qui est un autre paradoxe !
Citation
Eh bien, à mon avis, le rôle d'un artiste, donc d'un écrivain, est d'introduire le doute là où il y avait certitude. Un peu le contraire du politicien, si vous voulez.