Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
L'autoroute sauvage
Comme beaucoup de monde, Camus quitte son studio du Nord et ses dernières illusions pour prendre l'autoroute dite des vacances, espérant oublier au passage une rupture. Quoi de plus banal ? Et pourtant, dès le premier restoroute bondé, il y a cet autostoppeur perdu que personne ne veut prendre. Et un gang de banlieusards forts en gueule. Une BMW sortie tout droit de Duel. Et cette vieille dame psychopathe qui n'a rien à voir avec Mémé Cornemuse (de Nadine Monfils) et tout à voir avec la folie ambiante. Car sur cette autoroute pas comme les autres, il y a la mort. Partout. Des accidents qui n'en sont pas laissant derrière eux des cadavres mutilés. Tués par qui ? S'agit-il de "véritables" morts ? Camus n'a t-il pas plutôt pris un aller simple pour la folie ?? Mais est-ce la sienne ou celle des autres, née des pires instincts ?
Voici donc la réédition de 666e kilomètre, qui marque en même temps la naissance de la toute nouvelle maison d'édition Faute de frappe (dont le nom est absent de la première de couverture...), ce qui est courageux et louable à notre époque, surtout sous une maquette aussi soignée (avec la faute précitée). Ce roman d'un auteur vétéran, Michaël Moslonka (onze romans au compteur, tout de même), n'est pas à conseiller aux amateurs de thrillers industriels tirés au cordeau, mais plutôt à ceux qui apprécient les textes mutants touchés par l'ange du bizarre. Car ce voyage au bout de la folie emprunte tant au polar qu'à l'horreur et au fantastique à travers un jeu de massacre assez jouissif. Le tout aurait presque eu sa place dans la regrettée collection "Trash" si le sanguinolent n'était pas relativement limité, voire un hybride d'un avatar dépoussiéré des collections "Angoisse" et "Engrenage". Pour gérer un récit où le réel s'estompe et où rien n'est tel qu'il y paraît, il faut une belle maîtrise du récit, et c'est le cas ici à l'aide d'une langue simple mais efficace, sur une longueur elle aussi efficace. Un texte qui n'est pas à mettre en toutes les mains, mais ceux qui aiment la littérature décalée devraient y trouver leur bonheur !
NdR - Le roman est précédemment paru sous le titre 666e kilomètre.
Citation
Partout où Camus posait le regard, il y avait du sang. Sur les sièges. Le tableau de bord. Sur la carrosserie. Le toit. Le bitume. Les vêtements, les cheveux, les visages. Partout, bon sang !