La Frontière

Une nouvelle variable dans l'équation, il n'aime pas ça. Au pire, il le descend. De toute façon, il n'a jamais pu les souffrir, ces sales merdes de la Bratva. Des fiottes en comparaison des agents du KGB.
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Roman - Noir

La Frontière

Politique - Drogue - Corruption MAJ mardi 29 octobre 2019

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,9 €

Don Winslow
The Border - 2019
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Paris : HarperCollins France, octobre 2019
912 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 979-10-339-0369-7
Coll. "HarperCollins Noir"

Lignes de front

Depuis les années 1970, l'Amérique mène la guerre contre la drogue. Elle l'a perdue et elle le sait. Ou du moins, Art Keller le sait. Nommé directeur de la DEA, l'ex-agent infiltré va devoir faire face aux conséquences de ses actions passées. Son ennemi de toujours, Àdan Barrera, disparu, ou mort, et les cartels décapités, une véritable guerre de succession s'engage au Mexique entre les descendants des anciens narcotrafiquants. Los Hijos, les fils, une génération d'enfants gâtés pourris de violence, ne reculera devant rien pour prendre le contrôle du juteux trafic d'héroïne qui inonde les États-Unis grâce à l'épidémie d'addiction aux opiacés médicaux comme le fentanyl ou l'oxycontin. Alors que le Mexique plonge une nouvelle fois dans le chaos et que se révèle en candidat, pour les futures élections présidentielles américaines, un magnat de l'immobilier et présentateur de télé-réalité obsédé par Twitter (toute ressemblance n'aurait évidemment ici rien de fortuit), Keller va devoir déplacer la ligne de front, dans les villes et les banlieues des États-Unis, quitte à devoir utiliser les méthodes des narcos eux mêmes.
Monumentale conclusion de la "Trilogie de la drogue" entamée il y a vingt ans par Don Winslow avec La Griffe du Chien, La Frontière replace la lutte contre les narcotrafiquants dans l'actualité la plus brûlante, où l'éclatement des anciens cartels et l'évolution du commerce des stupéfiants génère une violence encore jamais atteinte, et dénonce une corruption endémique touchant tout autant les milieux bancaires que les forces de police ou les petites mains du trafic. Opposant déclaré de Donald Trump, envers qui il ne mâche pas ses mots sur Twitter, Don Winslow démonte point par point, avec une précision documentaire remarquable, qui prend parfois le pas sur la narration pure, les mensonges et hypocrisies de gouvernements toujours prêts à serrer la main qui les nourrit, d'où que vienne l'argent, à s'en prendre de préférence aux populations les plus démunies qu'aux véritables responsables.
Pour brosser un panorama d'une telle ampleur, Don Winslow multiplie les points de vue : agents de la DEA, politiciens véreux, banquiers d'affaire, flics infiltrés,activistes, migrants, journalistes, narcos, junkies passent ainsi sous les projecteurs pour éclairer chacun leur tour un autre aspect de cette guerre aux fronts multiples où chaque victoire incertaine ouvre la voie au chaos. Dans l'histoire du roman noir, on retiendra sans doute la "Trilogie de la drogue" comme un monument incontournable, au même titre que le "Quatuor de Los Angeles" de James Ellroy avec lequel il partage une noirceur désespérante. Lire La Frontière c'est se confronter à la réalité à peine romancée d'un monde qui va atrocement mal, où les bonnes actions ne restent jamais impunies, où seule la mort gagne à la fin. Vous voilà prévenus !

Citation

Nul n'a intérêt à gagner cette guerre ; ils ont intérêt à ce qu'elle continue. Vous ne pouvez pas être naïf à ce point. Des dizaines de milliards dépensés chaque année pour les forces de police, le matériel, les prisons... c'est un commerce. La guerre contre la drogue c'est du business. Et ça veut dire "acheter de l'influence au plus haut niveau du gouvernement des États-Unis", depuis toujours. Vous croyez que vous allez arrêter ça ? Soyez adulte.

Rédacteur: Jean-François Micard mardi 29 octobre 2019
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