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Nano thriller
Depuis son siège de Lagos, l'hydre Histal s'est remise de la destruction de sa base de Jurong Island et continue à opérer sous la volonté de fer de Jane Kirkpatrick, "améliorée" par des bains de nanotechnologie - et condamnée dans trois États pour extorsion et terrorisme. Depuis un taudis en Albanie, le journaliste Antoine Dupin continue sa lutte du pot de terre contre le pot de fer à l'aide des derniers médias encore indépendants... Une annonce codée dans un journal bolivien attire son attention. Sous pression du FMI alarmé par sa dette astronomique, le président du pays a accepté de céder à un acquéreur inconnu le salat d'Uyuni, soit la plus grande réserve de lithium au monde. Un métal fondamental dans bien des domaines stratégiques. Mais lorsque la représentante des Guetteurs de Dupin en Bolivie, qui a lancé l'alerte, reçoit la visite de Jacques Salmon, l'ancien flic intègre devenu le Terminator nanotechnologique à la solde d'Histal, le doute n'est plus permis : le tueur ne s'arrêtera pas avant d'avoir remonté la piste jusqu'à Dupin. Seule Justine Barcella, son ancienne partenaire de l'équipe spéciale Titan et vainqueur de Jurong Island, pourrait le contrer. Or la tueuse impitoyable a renoncé à la lutte pour se faire institutrice. Mais la lutte va revenir à elle pour la traquer jusque dans son paisible village de Toscane, théâtre d'un nouveau massacre. Une fois Barcella réactivée, le compte-à-rebours peut commencer...
Voici donc le troisième tome de cette trilogie (?) entamée avec l'excellent Naija, qui partait d'un point de départ polaresque pour virer à une anticipation des plus crédibles. Avec son accent sur l'action internationale à grand spectacle, la série est devenue un excellent antidote aux hordes de sous-Tom Clancy/Jason Bourne clichéeux qui envahissent les étals (heureusement rarement traduits). Car on peut bien parler d'espionnage dans une forme modernisée, Thierry Berlanda créant même ce vertige propre au genre lorsqu'il est bien ficelé, vertige de voir une lutte d'enjeux énormes auquel le lecteur ne comprend pas forcément toutes les ramifications, mais qui donne l'impression d'apercevoir une partie de l'histoire cachée de notre temps. Mutatis mutandis, les "centrales d'énergie" chères à John Buchan ont changé en une ère déjà présente où des entreprises multinationales sont plus puissantes que les États. Dans cet épisode peut-être supérieur à Jurong Island, un peu trop basé sur la violence, l'auteur y dévoile son arme secrète : un sens de la narration digne des plus grand blockbusters – ou plutôt que ceux-ci ont perdu à force de courir après les fameux "démographiques" – ou des grands romanciers populaires au sens noble du terme, le tout avec une conclusion plus qu'à la hauteur de ce qui l'a précédé. En ces temps de best-sellers cyniques, on ne peut qu'applaudir...
Citation
La machine a conçu le plan de sa propre dissémination dans une nuée d'ordinateurs domestiques assujettis, d'où elle opère des trillions de connexions synaptiques à la seconde : Jane voudrait-elle savoir à quelle vitesse bat l'aile du colibri, elle le saurait dans l'instant. Et pas la vitesse moyenne d'un colibri type, mais la vitesse précise et horodatée du colibri serristrosis numéroté 147 012, voletant dans telle bande forestière résiduelle du Chaco. Antoine pouvait bien ruser depuis des mois, ses chances d'échapper durablement au Panoptikon étaient statistiquement nulles.