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Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Les Escales, juin 2019
474 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-36569-419-3
Coll. "Domaine étranger"
Saga Russkaya
Leningrad, 1968. Le père d'Aleksandr Karpenko est assassiné par le KGB, lui qui refuse d'adhérer au parti et, pire encore, veut créer un syndicat des dockers dont il est le superviseur. Tout ceci grâce à la trahison de Vladimir, un ami d'Aleksandr qui, lui, espère bien faire carrière au KGB. Pour Aleksandr et sa mère Elena, il n'y a pas d'autre issue que l'expatriation. Grâce à l'oncle Niko, qui a soudoyé l'équipage d'un bateau, ils ont la possibilité de partir cachés dans une caisse. Mais, au dernier moment, ils ont le choix entre deux caisses, l'une partant vers l'Angleterre, l'autre vers les États-Unis. Faute de mieux, Aleksandr tire à pile ou face... Deux destins l'attendent alors. L'un où, sous l'identité de Sasha, il arrive en Angleterre et devient un brillant élève courtisé pour effectuer une carrière en politique pendant qu'Elena se fait restauratrice. À New York, Elena ouvre une pizzeria vite réputée, et Aleksandr entre vite dans les affaires tout en suivant des études de commerce, même si des espions russes rôdent. Alors que les années passent, sa trajectoire le mènera aux sommets de la finance, mais aussi sur une voie parallèle à son alter ego. Tout se conclura là où tout a commencé...
Étonnant de voir Jeffrey Archer toujours en lice (à bientôt quatre-vingts ans !) alors qu'il est assimilé aux années 1980, et que bien de ses contemporains stars du moment sont retombés dans l'obscurité. Et pourtant, il a régulièrement remporté des prix du polar, jusqu'au prestigieux Prix de Cognac. De polar, il y en a relativement peu dans ce livre qui renoue avec les grandes sagas qui ont fait sa réputation. Si on ne remet pas en cause sa faconde qui fait qu'on ne peut que tourner les pages, le tout, qui aurait passé sans problème des ces mêmes années 1980, s'avère tout de même bien consensuel aujourd'hui. Son personnage est une sorte de Harry Potter de la politique/finance qui semble capable d'exceller dans toutes les matières en se fatiguant à peine, et dont tout le monde ne cesse d'être ébloui par sa supériorité (même si le personnage reste simple et presque naïf vu les milieux dans lesquels il évolue). Même son père, vite éliminé, semble plus que parfait, moral, ancien héros de guerre, etc. Si on introduit quelques méchants, ils sont vite remis à leur place : pour tout ce que le personnage affronte, il semble également triompher grâce à une chance insolente adjointe au fait que tous le trouvent infaillible ! Et le monde tant politique que des affaires qu'il nous décrit semble peuplé de Bisounours par rapport à ce qu'en voit le commun des mortels... Si la fascination pour le golden boy pouvait marcher au millénaire dernier où il en était le personnage emblématique, aujourd'hui, les temps ayant changé, on risque d'y voir surtout un bon petit soldat du système, politique ou de la finance, avançant sans trop se soucier de ce qui se passe autour de lui ou des conséquences. (On pourra arguer que le roman s'arrête en 1999, bien avant que tous les problèmes actuels ne soient exposés au grand jour.) Certes, il y a les deux lignes temporelles parallèles qui sont bien la seule originalité du roman, mais sans trop déflorer, la façon dont elles se rejoignent est à la fois trop ou pas assez développée alors qu'on frôlait une certaine science-fiction philosophique (et les amateurs de théories quantiques risquent d'apprécier) jusqu'à une ultime pirouette. Pas le meilleur roman de l'auteur donc, mais il s'apprécie comme un grand roman populaire, à profiter de la narration imparable sans trop se poser de questions de fonds...
Citation
En politique, tout est affaire de moment opportun et d'occasion à saisir, et ces deux étoiles ne sont pas souvent alignées.