Contenu
Vous êtes jeunes, vous êtes beaux
Poche
Réédition
Tout public
Gladiateurs agonisants
Lucius est vieux. Lucius a une vieille maîtresse, mais il sent bien que la décrépitude est là. Lucius a une petite retraite et sait qu'il ne pourra pas se rendre dans une maison de retraite. Aussi, quand on lui propose un complément de salaire intéressant et la possibilité de bénéficier d'une place réservée dans une bonne maison de retraite, Lucius a du mal à tergiverser. D'autant plus qu'il constate que sa maîtresse a bien des soucis avec sa famille qui l'abandonne petit à petit et lui ment pour ne pas l'aider. Le travail qu'on lui propose est simple : mettre des gants de boxe et se battre contre d'autres petits vieux pour des paris et des spectateurs attirés par ces matchs violents. Du coup, Lucius découvre vite qu'il se sent revivre, qu'il rencontre des jeunettes attirées par son corps transpirant. Comme il se débrouille bien, son manager lui propose même de gagner une série pour monter de combats sa côte au maximum, afin de tricher lors d'un dernier combat et de pouvoir s'offrir ainsi une digne maison de retraite... Lucius accepte, mais il a peut-être pris le goût du sang alors que dans le même temps il a vu sa maîtresse âgée sombrer.
Récit très court centré sur son personnage central, ayant inspiré un film (et pouvant être perçu comme une revisitation des films de boxe à l'instar de Nous avons gagné ce soir avec un Robert Ryan magistral), Vous êtes jeunes, vous êtes beaux est une parabole qui résonne encore de manière plus forte en ces jours où sombre l'idée même d'un système de retraites. Ode à la vie, ode aux corps qui flanchent, mais qui veulent encore continuer, à une sexualité encore présente. Enchantement d'une vie qui palpite en même temps que désenchantement des générations suivantes qui vous laissent tomber. Tous ces thèmes sont effleurés, esquissés, sans pathos et sans volonté de démontrer, juste pour dresser en creux un portrait âpre de l'époque, un futur que l'on veut moderne, nouveau et en marche et qui, pour s'y engager, renoue avec le cirque romain et les gladiateurs agonisants.
NdR - Le roman a été édité en 2012 sous le titre À nos pères chez le même éditeur.
Citation
Dans le noir, rien ne se forme autour de vous. Rien ne vient. Là, dans le noir, vous sentez ses mains noueuses, osseuses. Là dans le noir, Lucius croit tenir la mort dans ses bras et il aime ça, parce qu'elle est la seule à l'aimer.