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Essai - Policier

Eugène Weidmann en toutes lettres ou L'assassin malgré lui

Psychologique - Procédure - Faits divers MAJ mercredi 22 janvier 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Public connaisseur

Prix: 25 €

Jean-Jack Lamouille
Paris : Complicités, novembre 2019
516 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35120-225-8
Coll. "L'Art de transmettre"

À perdre la tête

Comment qualifier cet épais ouvrage de plus de cinq cents pages avec de nombreuses photos consacré au dernier guillotiné en public ? Tentative de réhabilitation par l'amour ? Ode à la beauté d'un sextuple assassin aux traits de jeune premier ? En tout cas, l'auteur a écrit un ouvrage qui échappe à toute qualification. Il n'a pas la rigueur de l'historien pur et dur, ni sa froide documentation, mais les errements de l'amoureux livré au doute dont l'empathie devient totale pour le beau Eugène Weidmann, nous livrant des pages et des pages de digressions comme autant de pistes ouvertes dans son inconscient, dans ses goûts et dans l'histoire. Jean-Jack Lamouille est tombé par hasard sur une très épaisse enveloppe entourée de ficelle sur un stand des Puces en mars 1992. À l'intérieur, des photos de tournage de La Règle du Jeu de Jean Renoir, mais aussi des lettres en allemand et en français, des photos de prétoire et "trois ou quatre grandes photos d'un beau garçon – serait-ce un acteur ?". Il y a aussi des coupures de presse... Les lettres intéressent Jean-Jack Lamouille, mais il ne connaît pas l'allemand. Il lui faudrait un traducteur... L'auteur n'est pas pressé de nous parler de ces lettres qui, pourtant, "constituent la raison d'être de ce livre" : elles n'apparaîtront dans le livre qu'après la page 500. Autant dire qu'elles sont gardées pour la bonne bouche. Au cours des premières cent pages, l'auteur résume l'affaire grâce à des extraits de la presse de l'époque : Weidmann venu d'Allemagne monte un petit groupe, étrangle une danseuse américaine avant de tuer d'une balle dans la nuque trois hommes et une autre femme entre juillet et novembre 1937. Il les enterre dans une grotte de Fontainebleau ou sous le perron de la villa qu'il a loué. Pour leur voler quoi ? Des babioles, des chaussures, et l'argent qu'ils avaient sur eux. Lamouille mélange allègrement sa vie dans celle de Weidmann. Son "Je" est omniprésent dans ses encadrés, ses réflexions, ses indignations et ses commentaires sur l'histoire de Weidmann. Mais il le fait avec un style certain qui ne manque pas de panache. L'auteur, après avoir disserté sur ses amis, ses rencontres dont celles de la vieille actrice Hélène Duc qui ne sert strictement à rien, sur ses T.O.C. etc. entreprend donc de bâtir un plaidoyer archi-subjectif pour démontrer que le bel hidalgo Weidmann a eu des amours masculines, qu'il aurait eu tout à gagner si la psychanalyse avait été plus respectée à son époque, qu'il a fait trembler Genet et Cocteau, qu'il était dans une dimension quasiment mystique... Enfin, la transcription de ses lettres d'amour à une jeune femme qui avait été désignée par la famille Weidmann pour servir d'intermédiaire, prouvent que l'homme était loin d'être une brute. C'est un esprit éminemment littéraire dont les envolées lyriques et l'analyse de sa situation prouvent combien l'auteur ne pouvait que tomber sous son charme.

Citation

En ce mois d'avril 2011, je me sens plus apaisé et donc plus enclin à poursuivre ma connaissance de Weidmann sans devoir à tout instant conjurer, par quelque rituel, l'angoisse qu'il semait en moi.

Rédacteur: Michel Amelin mercredi 22 janvier 2020
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