Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
384 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-0868-1
Coll. "Toucan noir"
La vie comme elle va
On dit de la Loire qu'elle est le dernier fleuve indompté d'Europe. Est-ce un hasard si c'est sur ses bords qu'est née la compagnie des Tambours du Bronx, qui a créé un "genre musical" à elle toute seule ? Dans le roman de Laurent Rivière, peut-être bien que Franck Bostik est aussi un des derniers hommes indomptés d'Europe. Toujours est-il qu'il est policier à Nevers, un policier qui n'aime pas trop sa hiérarchie et avance comme il le désire en n'hésitant pas à protéger un ami même si ce dernier est dealer à ses moments perdus. C'est également un homme qui vit en colocation avec une belle jeune femme sans pour autant avoir de relation amoureuse avec elle. Cette dernière est journaliste, mais aimerait bien devenir bouquiniste et son ancien mari est un drogué qui aimerait raccrocher mais a du mal, est endetté de droite et de gauche, vit entre sa passion pour les Tambours du Bronx, groupe dans lequel il joue, et vivre sur la Loire avec une toue, sorte de bateau à fond plat, surmontée d'une cabane, vivotant de pêche. Lorsque cet ex-mari disparaît avec leur fils, la jeune femme s'inquiète et demande tout naturellement à son colocataire d'enquêter discrètement, car la police ne veut pas agir officiellement, la situation matrimoniale étant plus que complexe et le délai de disparition assez court. Comme la Loire et ses méandres, ses bras morts qui révèlent de bien jolies choses (des amitiés viriles, des restes archéologiques de grande valeur, le respect de valeurs anciennes), le policier va naviguer à vue, va tanguer à babord puis à tribord, entre les affaires courantes qu'il doit régler, la vie des petits drogués de la ville, des injonctions de ses patrons, l'aide à un toxico qu'il a sauvé du suicide, et la recherche du garçon et de son père.
Le roman est ici un prétexte très bien construit pour parler d'une région, de passions, au rythme du fleuve, parfois en furie, parfois avec lenteur, comme la vie calme des gens. L'auteur développe des détails sur des aspects méconnus ou un peu oubliés : les Tambours du Bronx et leur mode de vie, la vie des petites gens sur le fleuve, les affaires de drogue qui gangrènent autant les campagnes et petites ville que les grands ensembles de la périphérie parisienne ou marseillaise. Au centre de l'histoire des personnages attachants, loin des stéréotypes, des vrais gens avec des vies parfois ternes mais rendues de manière très crédibles, avec le poids des coutumes et des habitudes locales. Dans les bras morts, au titre intelligent, est une ode à la province en général, à la vie du côté de Nevers en particulier. Tout comme Robert Guediguian parle de Marseille, Laurent Rivière aborde la Loire avec avec humour et amour.
Citation
Je me suis enfermé dans la salle de bains, me suis dessapé et, le cul posé sur un coin de la baignoire, j'ai grogné en imaginant qu'elle m'avait peut-être mis à nu également dans le polar qu'elle préparait. Pour qui me ferait-elle passer dans son putain de bouquin ?