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Et les vivants autour
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Inédit
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Blanc et noir
Jeanne Mercier n'est qu'un corps allongé sur un lit maintenu en vie par des appareils. Jeanne est dans le coma depuis quatre ans après un terrible accident de voiture. Tout autour d'elle, la famille se succède. Il y a Micheline, sa mère qui vient la voir tous les jours. Le pater familias, Gilbert, riche industriel sans trop de scrupules. Il y a aussi Charlotte, dont le mari tient un resto baptisé tout simplement Le Resto. Charlotte qui connaît quelques difficultés pendant qu'elle est obsédée par son désir d'enfants. Et puis il y a surtout Jérôme, le mari de Jeanne, apprenti acteur, espérant toujours un hypothétique réveil. Pourtant, l'idée de débrancher Jeanne fait peu à peu son chemin dans l'esprit de tous. C'est alors que le professeur Gossens, chargée de sa santé, lance une bombe : Jeanne est enceinte. Quelqu'un a profité de son état pour la violer a répétition. Pour Charlotte, cette grossesse est un affront personnel. Quant à Gilbert, premier suspect, il entend bien faire un test ADN qui ne peut que le disculper. Mais peu à peu, les secrets enfouis refont surface. Que s'est-il passé dans l'adolescence de Jeanne qui l'a transformée du tout au tout ? La Mère Courage est-elle si irréprochable ? Et que s'est-il vraiment passé le soir de l'accident ?
Il est dommage d'avoir accolé à ce roman de Barbara Abel l'étiquette "Thriller" qui peut induire le lecteur en erreur. L'auteure est souvent à cheval sur plusieurs genres, notamment la romance, mais là, on est plutôt dans cette zone grise entre polar, roman psychologique et littérature "blanche". Le style notamment, très affiné, évoque des auteurs de "blanche" comme Danièle Sallenave tout en restant d'une limpidité remarquable vu le grand nombre de personnages. Si le point de départ évoque le génial Parle avec elle de Pedro Almodóvar, on a surtout droit à une chronique familiale en demi-teinte, chaque personnage étant particulièrement crédible et fouillé. Sans trop déflorer, l'argument policier intervient tardivement et n'est pas l'élément essentiel du roman, même si les "méchants" ne sont pas forcément ceux qu'on attendrait. La conclusion ironique proche de la comédie de mœurs noue de façon convaincante tous les fils du récit. À conseiller donc, non pas aux amateurs de thrillers industriels prémâchés bourrés de morts et de sang, mais plutôt à qui apprécie les récits psychologiques fouillés... et la bonne littérature, tout simplement, quelle que soit la couleur qu'on lui donne.
Citation
Dans le lit, Jeanne ne bouge pas. Jeanne ne bouge plus depuis quatre ans. Jeanne n'est plus qu'un corps inerte et allongé. Elle, la vraie Jeanne, celle qui animait cet organisme léthargique, celle qui donnait vie à ce corps désormais passif, s'est perdue quelque part dans les méandres de sa conscience. On ne sait pas très bien où. Loin en tout cas.