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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Paris : Le Seuil, janvier 2020
378 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-137765-1
Coll. "Cadre noir"
Après la nuit, le crépuscule
Avec l'auteur Benjamin Myers, nous retournons de nouveau dans un petite région en décadence de l'Angleterre, la vallée des Pennines, où comme dans des endroits de France se côtoient les derniers ruraux et les nouveaux bobos. Dans ce coin presque paumé, il y a Roddy Mace et James Brindle. Le premier est un journaliste londonien qui travaille dans la presse locale, quant au second c'est un ancien policier d'élite, aujourd'hui en repos. Les deux hommes s'ennuient un peu, mais ce n'est que passager. L'agression dont est victime Joséphine Jenks, une gloire locale et un peu décatie du porno, qui lui laisse une énorme balafre la défigurant, va venir mettre un début de dynamisme. Il y a même un journal londonien, spécialisé dans les faits divers scandaleux, qui délègue un envoyé spécial. Lorsque d'autres attaques, parfois mortelles, surviennent, l'idée d'un tueur en série se propulse au devant de l'actualité. Mais parfois, la réalité est encore plus glauque qu'elle n'y parait...
La série de Benjamin Myers, commencée en France en 2018 avec Dégradation, un très bon roman, permet au lecteur de retrouver les deux personnages centraux attachants. La série est beaucoup plus ouverte que les simples détails des personnages. Ici, ils semblent même se mettre en arrière–plan pour offrir une galerie de personnages secondaires de ce monde particulier - un marginal, idiot du village, un fermier en proie à la crise, une "vedette" de la presse à scandale... Il faut être attentif à chaque passage de l'intrigue car la solution qui apparaitra au final est fine et forte, à l'opposé des clichés que l'on lit parfois. Elle montre bien comment le roman policier vire avec bonheur et force vers le roman noir, dans sa description sombre et désespérée du quotidien, des rapports humains, du besoin de célébrité. De ce point de vue, plus que par la structure policière, mais par cette fine analyse du monde entre ruralité et péri-urbanisme, le roman de Benjamin Myers explicite avec force son titre, Noir comme le jour.
Citation
Une forme, avachie. Semblable à un tas d'ordures. À un dépôt de détritus. Quelque chose dans cet amas accroche pourtant le regard de l'homme au moment où, ses jambes ne demandant qu'à le porter dans une direction différente, la tête pleine de fumée et de chansons, il s'en approche.