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Le labyrinthe des passions
Que s'est-il passé pour que le commandant Richard Ménainville, le grand caïd de la brigade des stups, se retrouve détenu dans les locaux de l'IGPN, les fameux "bœufs-carottes" ? C'est ce que va devoir découvrir le commissaire Jaubert au cours d'un long interrogatoire. Un récit qui a commencé un 22 août, jour où le lieutenant Laetitia Graminsky, fraîche émoulue de l'école nationale supérieure de police et affiliée à la brigade des stupéfiants, entre dans son bureau. Laetitia Graminsky, flic par vocation en dépit de la réprobation de ses parents, mariée à Amaury et mère de la petite Lolla. Ménainville également est marié, heureux en couple et père de deux enfants. Et pourtant, lorsque Graminsky entre dans sa vie, il éprouve ce qu'il n'aurait jamais cru éprouver. C'est le début d'une passion involontaire, destructrice... pour tous les deux, car Graminsky éprouve également un sentiment trouble. Ménainville l'a-t-il révélée à elle-même ou va-t-il la détruire ? Ou se brûler les ailes ? Pourtant, au début, Graminsky multiplie les erreurs de débutant, au point qu'il envisage de la virer afin d'en finir avec cette addiction. S'il l'avait fait, peut-être Laetitia Graminsky ne serait pas également là, à l'IGPN, dans un autre bureau, en train de raconter sa propre version de l'histoire. L'amour est un chien de l'enfer et la passion laisse dans son sillage bien des dommages collatéraux...
On assiste à un véritable changement de braquet pour Karine Giébel avec ce roman qui, s'il se déroule sur fond de routine policière, aborde un autre genre : la romance. On a souvent reproché à l'auteure son rapport ambigu avec la violence parfois exagérée. Là, c'est plutôt la violence des sentiments qui se déchaîne, même si le récit de passion destructrice est un classique du noir. L'idée est bien sûr d'offrir les deux faces de la même pièce à travers deux récits s'enchevêtrant, et c'est une gageure que d'avoir fait en sorte qu'on sache tout de suite auquel des deux narrateurs on a affaire, même si leurs histoires se recoupent. Mais là, on sent d'office poindre un autre genre de controverse car on est plus proche de 50 nuances de Grey (mais écrit en une langue compréhensible par les humains normalement constitués...) que de Tristan et Isolde. Parce que son personnage de policier déploie tout de même tout l'attirail - abus de confiance, viol (techniquement parlant), harcèlement, mensonge, abus de pouvoir... Avec en contrepoint l'attrait ambigu de notre héroïne face à ce déferlement. Il n'est pas question de jouer les Père-la-pudeur, mais on peut tout de même penser que la passion a parfois bon dos. L'absence de véritable jugement moral vaut-il acquiescement ? Ce n'est pas à nous de le dire (nous ne sommes pas dans la tête de l'auteure...), mais pour ceux qui apprécient le côté purement viscéral de Karine Giébel (le summum restant le traumatisant Meurtre pour rédemption) l'appréciation du récit dépendra beaucoup de la tolérance de chacun. Cela dit, pour une fois qu'on ne dicte pas au lecteur ce qu'il doit penser avec des étiquettes "Bon" et "Méchant" bien identifiées, on ne va pas s'en plaindre. Une fois de plus, à chacun de voir en sachant dans quoi il s'engage.
Citation
Je ressemblais à ces toxicos que je croisais sans cesse depuis huit ans. J'aurais donné n'importe quoi pour qu'elle soit près de moi. J'aurais vendu mon âme au diable, j'aurais commis n'importe quel crime, renié n'importe lequel de mes principes, abjuré tous mes dieux.