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Messe pour une vengeance
Bienvenue à G* , petite ville anonyme du Limousin, avec sa jeunesse désœuvrée, ses petits dealers, ses commères, son maire dictatorial, ses grenouilles de bénitier et... son curé, sauvagement assassiné dans son église avec une paroissienne. Un crime dont la mise en scène ne trompe personne, car tout le monde à G* savait que le père Piffaud était l'ennemi juré du maire, dont il dénonçait les magouilles et la mainmise sur la ville à chacun de ses très populaires sermons. Hélas pour le maire, Victor Juillet, qui espérait voir les choses se résoudre de manière discrète, c'est une enquêtrice de choc que la préfecture envoie à G* en la personne de Charlotte Auduc, nantie d'un bras myoélectrique et d'un chien. Mais ce qu'il ignore, c'est que, en plus de se moquer comme d'une guigne de la discrétion, elle a un compte à régler avec G* et avec son maire en particulier. Alors que les cadavres s'amoncellent et que des affaires vieilles de trente ans font ressurgir le passé trouble de la petite ville, la vengeance de Charlotte Auduc va faire exploser des vérités pas forcément bonnes à dire.
Avec ce nouveau roman, premier récit des enquêtes d'une héroïne forte en gueule qui a tout pour plaire, Philippe Bouin s'amuse visiblement beaucoup à régler son compte à une province compassée vivant depuis des décennies dans le secret et la bienséance. Comme un Claude Chabrol dont il partage le goût des belles phrases, l'humour à froid et le regard acéré, le romancier dissèque une petite ville imaginaire comme il existe tant de réelles, où le maire est le plus gros employeur local, où toute la population est son obligée, où la jeunesse étouffe, où chaque placard renferme son cadavre et chaque famille son mouton noir. Traité avec une finesse et une ironie enthousiasmantes, Au nom du père et du crime est un vrai plaisir de lecture, et l'on ne peut qu'espérer, comme l'ultime chapitre pourrait le laisser supposer, que sa fliquette handicapée qui ne s'en laisse pas conter reviendra rapidement semer la pagaille dans d'autres coins du pays.
Citation
Mentionnée dans les guides par 'mérite le détour', l'église Saint-Martial, célèbre pour ses orgues du XVIIIe, est la fierté de G*... Bâtie au Moyen Âge, on s'émerveille devant les incubes et les succubes sculptés dans son granit. Et on ne peut que louer les amphisbènes tout simplement sublimes. Derrière ces noms savants se cachent des monstres d'un Marvel d'un autre âge. À l'heure de l'euro, ils ne fichent plus la trouille.
Ce n'est pas le cas du curé qu'un tas d'égoïstes redoutent.