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I comme Icare
1967. De Gaulle est toujours la bête noire de la CIA depuis qu'en 1963, il a décidé que les opérations secrètes ne doivent pas être limités aux pays du bloc de l'Est. On ne se coupe pas impunément de l'oncle Sam qui, de plus, considère la France comme une tête de pont du KGB depuis les révélations du transfuge Golitsyne. Une CIA qui aimerait bien réitérer en France ce qu'elle a déjà fait en Grèce où elle a facilité la montée au pouvoir du sinistre régime des colonels... Mais la France gaulliste, la France qui s'ennuie, vit ses derniers jours. Toutes sortes de groupuscules estudiantins rêvant de matins du grand soir s'agitent, dirigés par des Krivine et des Cohn-Bendit, et il ne faut pas être grand clerc pour prédire l'explosion qui va suivre, prédiction enterrée au fond des dossiers. Mais qui va succéder à "mongénéral" au cas où le coup de bluff du référendum échouerait ? Un certain George Pompidou semble être le candidat idéal, mais toute une fraction des services secrets ne veut pas de son poulain. Au point de monter une rocambolesque affaire barbouzarde, un montage impliquant un certain Stevan Markovitch, ancien homme de confiance d'Alain Delon (!), d'origine yougoslave, retrouvé mort assassiné par balle. Simple règlement de comptes ? Pourtant, Markovitch avait ses entrées dans le gratin pour qui, disait-on, il organisait des parties fines. Se livrait-il au chantage ? Or une informatrice au pseudo de Karamel prétend que l'épouse même de Pompidou participait à ces orgies. Montage grossier certes, mais où peut s'arrêter la rumeur ? Et ce pendant qu'extrême-droite et extrême-gauche multiplient les coups fourrés suite à certain moi de Mai...
Troisième épisode de la tétralogie initiée par John C. Patrick, l'auteur qui, encore une fois, défie les genres. On pourrait parler de roman historique, tant l'ensemble est documenté, mais aussi d'espionnage : cette avalanche de fait évoqués, l'action se déroulant majoritairement en dialogues (mais mélangeant aussi quelques scènes musclées très maîtrisées) fait indéniablement naître ce vertige propre au genre. Un espionnage débarrassé de ses velléités propagandistes : il n'y a pas vraiment de "bons" et de "mauvais" bien identifiés, tous les camps usant des pires artifices barbouzards pour parvenir à leurs fins. Et la raison d'État a parfois bon dos... Écrit dans un style sec et dégraissé, peut-être encore plus précis que dans les tomes précédents, cette somme d'informations peut paraître rébarbative en apparence, mais ravira les amateurs de grande et petite histoire. En attendant le dernier tome qui abordera les "années de plomb" italiennes, vous pouvez prendre au vol ce roman, et remonter le fil du temps.
Citation
Doué pour l'intellect, car il comprenait très vite les subtilités de la doxa marxiste, il était devenu un tireur hors pair face à une cible avec un fusil d'assaut Kalachnikov.