Contenu
Là où se trouve le cœur
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Cecilia Klintebäck
Paris : Robert Laffont, juillet 2020
360 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-221-22072-6
Coll. "La Bête noire"
Tout est bien qui finit bien
Kouplan est un détective atypique tout d'abord parce que c'est un Iranien exilé qui est resté longtemps sans papiers et SDF. D'ailleurs sa situation présente est encore incertaine. Même s'il travaille à mi-temps comme aide bibliothécaire et a un toit, la vie reste complexe. Elle l'est d'autant plus qu'il était autrefois une fille et qu'il cherche les membres de sa famille - des gens qui se cachent aussi et ont peur de laisser des indices pour être retrouvés ce qui ajoute à la confusion surtout si c'est votre sœur qui tente de vous contacter mais qu'elle porte la barbe... En parallèle de cette quête familiale, Kouplan décide de retourner dans le restaurant boui-boui où il a été exploité. Là il découvre que les conditions ne se sont pas améliorées et les clandestins qui y travaillent lui font même part de l'assassinat d'un petit voleur qui se serait faufilé près de la caisse mais aurait été coincé. Un employé qui aurait un peu trop protesté aurait lui disparu. Donc Kouplan cherche un plan pour sauver ses compagnons d'infortune, leur trouver un nouveau logement et faire arrêter les deux patrons du restaurant. Dans le même temps, il veut arriver à renouer avec son frère qui de son côté est effrayé. En effet, il ne sait si l'individu qui le recherche est amical ou hostile (comme un envoyé de la police secrète iranienne).
Voici donc le quatrième et ultime volet d'une série de la Suédoise Sara Lövestam conçue conçu comme une tétralogie. Il était donc logique que tous les fils se remettent en place et que les conclusions s'approchent. À mesure que la situation de Kouplan s'améliore, d'autres questions se posent : comment doit-il agir ? Convient-il de se ranger et de rester tranquille pour sauvegarder son avenir personnel ou doit-il aider ceux qui souffrent plus encore que lui ? C'est autour de cette question et autour d'une réflexion sur comment s'intégrer et comment vivre avec le poids du passé, la peur toujours présente (en particulier avec l'itinéraire du frère). Du coup, ces résolutions prennent un peu le pas sur l'enquête qui reste noire dans la description des migrants et de la façon dont les locaux peuvent s'en servir (ici, à travers les patrons du restaurant ou d'une animatrice télévisée qui se sert des serveurs comme main d'œuvre pour ses soirées). Ce n'est que dans le dernier quart du livre, avec le piège tendu pour faire avouer les assassins, que la mécanique se met en route, le reste servant surtout à mettre en valeur, au quotidien, les progrès de Kouplan dans sa recherche familiale. De ce point de vue, c'est une bonne description de la vie des immigrés, de leur intégration, de leurs difficultés à composer avec le monde d'avant, et c'est l'angoisse du frère qui ne sait exactement qui le recherche qui prodigue un peu de suspense, montrant ainsi la conclusion apaisée d'une série à la limite du documentaire, s'appuyant sur une intrigue policière pour lui donner un peu de souffle, autre que le réalisme.
Citation
Il pourrait dire que c'est un mélange de sang, d'urine, de chair brûlée, que c'est une odeur métallique aussi, mais cela ne suffirait pas à la décrire. La nausée qu'elle fait monter en lui donne tout leur sens à leurs menaces : tu ne pourras jamais t'échapper.