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Déterrer le passer, enterrer les morts
Nous sommes en 2013. Anna et René vieillissent et pensent à la mort qui ne manquera pas de les rattraper. Ils commencent donc à réfléchir à une assurance obsèques, puis entament la procédure. Enfin, ils partent en vacances à La Baule et attendent la venue du petit-fils, Paul Antonelli, commissaire de police, avec sa compagne Lise et leur fille Annabelle. Mais quand les invités arrivent, la maison est close et les deux ainés ont disparu. Il y a l'air d'avoir une relation avec un trou causé dans la maison à côté, notée à vendre, mais dont le propriétaire (qui est aussi le propriétaire du gite où étaient Anna et René) ne donne pas signe de vie. Antonelli commence une enquête en compagnie du commissaire local, Dolons, mais les débuts font apparaitre plus de questions que de réponses. Pourquoi auraient-ils disparu ? Quel rapport avec le coup de fil d'Anna posant des questions sur les cimetières voisins et la possibilité d'être enterrés sur place ? Quel rapport également avec un film documentaire (de propagande) tourné durant la Seconde Guerre mondiale par Wist (qui a le même nom justement que le propriétaire) ? Et que faire quand Annabelle qui regarde le dit film croit y reconnaitre sa grand-mère disparue ?
Le roman de Marc Magro va donc jouer avec les deux périodes, proposant des allers-retours intelligents (et c'est toujours difficile d'introduire des passages didactiques - ici sur la création du film, sur la Seconde Guerre mondiale et sur les résurgences nazies) pour explorer le passé. De plus, l'enquête joue sur le temps, puisque les pistes sont difficiles à mettre en œuvre, que les deux commissaires doivent composer avec d'autres affaires, et avec notamment un adjoint raciste obnubilé par la Deuxième Guerre mondiale et qui a l'air de vouloir leur mettre des bâtons dans les roues. Même pas morts commence donc par une question sur le troisième âge et comment être enterré de manière réaliste avant de dévier - les personnages disparaissent donc ne peuvent être enterrés et au contraire pour comprendre pourquoi ils ne sont plus là, il faut déterrer le passé caché des êtres. Si, à la fin, nous aurons les diverses solutions aux intrigues (dont la façon dont ont disparu les deux personnes âgées), cela ne se fera pas sans douleur, car l'histoire joue principalement sur le temps qui passe (symbolisé aussi par les progrès scolaires d'Annabelle), sur les relations entre les êtres (Paul Antonelli a des soucis avec sa compagne, Dolons est homosexuel ce qui rend délicate sa vie professionnelle, l'adjoint est présenté de manière assez clivante...), et sur les injonctions dans l'intrigue de détails qui montrent que la vie passe (d'autres enquêtes, des discussions avec un libraire, des rencontres avec d'autres personnages pour parler de la guerre et du film controversé, un enterrement d'un ancien dignitaire nazi) pour raconter une histoire assez louvoyante, entre policier pur et description de l'évolution des personnages. Le roman de Marc Magro est une bonne surprise.
Citation
Les deux commissaires s'accordèrent sur le fait qu'il était fort étrange de s'inquiéter de son lieu d'enterrement le jour de son anniversaire de mariage, même avec un sens poussé de la dérision.