Contenu
Son espionne royale et le collier de la reine
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Blandine Longre
Paris : Robert Laffont, juillet 2020
370 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-221-24263-6
Coll. "La Bête noire"
Meurtre au soleil
Londres, 1933. Dans le froid de la gare Victoria où elle sert à la soupe populaire, dont elle-même ne serait pas si loin sans l'argent gagné lors de sa mission précédente, Lady Victoria Georgiana Charlotte Eugenie, fille du duc d'Atholt et Rannoch – Georgie pour les intimes – regarde partir la bonne société vers la Riviera. Même son frère Binky et Fig, sa marâtre d'épouse, partent au soleil. C'est alors que la Reine convoque Georgina pour lui confier une nouvelle mission : retrouver une tabatière volée dans sa collection, et à laquelle elle est attachée. Or cet objet est si spécifique qu'il ne peut être remis sur le marché. Elle soupçonne un collectionneur sans scrupule du nom de Sir Toby Tripoter, invité à une réception de la Reine qui lui donnait toute latitude pour commettre ce vol. Or Tripoter possède une villa sur la Côte d'Azur... Georgina est donc chargée de s'y infiltrer pour récupérer la tabatière s'il y a lieu. Voilà Georgina et Queenie, sa servante indigne, en route vers le soleil ! En chemin, elles rencontrent la célèbre créatrice de mode Coco Chanel, préparant un défilé : celle-ci s'entiche de Georgina et décide d'en faire son mannequin ! En dépit de nombreux problèmes d'intendance, Georgina est présente au défilé où, outre la création de Chanel, elle porte un collier appartenant à sa royale parente apportée par coursier spécial. Avec sa maladresse légendaire, Georgina fait une chute durant sa présentation... et le collier disparaît ! Pire, après une invitation sur le yacht de Tripoter, qui démontre sa réputation de rustre, l'Anglais est assassiné. Et voilà Georgina accusée du meurtre ! Quelqu'un lui ressemblant trait pour trait est entré dans la villa...
Le précédent épisode de la série au charme British n'était donc qu'une panne d'inspiration, ce volet-là étant nettement meilleur. Une fois de plus, on lorgne du côté d'Agatha Christie mâtiné de Rouletabille... avec cette fois un côté Ponson du Terrail, vu le nombre de hasards et coïncidences que n'eût point renié l'auteur de "Rocambole" (y compris, sans déflorer, un de ces liens de parenté caché dont Ponson était friand). Pas de doute, l'atmosphère de l'entre-deux-guerres, période de bouleversements sociétaux lorsque les mœurs évoluaient à vitesse grand V, est bien rendue, et son héroïne est loin d'être une oie blanche, mais reste coincée entre sa soif d'indépendance et le besoin sociétal de se trouver un mari. Contrairement à l'épisode précédent, pas de tirage à la ligne éhonté même si on éliminerait bien quelques redondances. Vu le décor, le tout s'ingénie à brocarder gentiment tant les travers des Anglais que des Français (l'auteure apprécierait-elle le fameux Major Thompson de Pierre Daninos ?) sans trop donner dans le cliché. Par contre, si la fin n'est pas aussi négligente que dans le volet précédent, elle reste tout de même assez précipitée et, sans trop rien dévoiler, pose tout de même des questions morales (non seulement l'assassin s'en sort, mais l'héroïne le souhaite, et pas uniquement à cause de la déplaisante doxa actuelle voulant que l'auto-justice soit justifiée à condition que la victime soit un MÉCHANT – mais sans trop en dire, ce n'est pas son seul méfait, et le simple fait que l'héroïne l'absolve est plus que douteux). Dommage, avec un peu moins de détails subalternes et plus de rigueur dans l'intrigue policière, la série toucherait l'excellence...
Citation
Il y a une chose que nous faisons à la perfection, nous Britanniques : la queue.